Un arrêt (un peu) plus long que prévu à Grenade

L’équipage du Air Cool est arrivé à Grenade, l’ile la plus au sud de la chaine des Caraïbes, en juillet 2020 après une navigation éprouvante directement de Puerto Rico car toutes les frontières des iles étaient fermées à cause de la pandémie.

Cette destination est très populaire dans les Caraïbes car les navigateurs vont s’y cacher pour la saison des ouragans qui est de juin à novembre. En principe, la situation géographique de Grenade l’épargne des tempêtes tropicales et ouragans. Ces tempêtes tropicales ou ouragans débutent par des depressions tropicales au large de l’Afrique et qui sont poussées vers l’ouest par les alizés. Par contre, Grenade a été dévastée par l’ouragan de categorie 3 nommé Ivan en 2005, alors on n’est jamais 100% à l’abri.

À l’arrivée, nous avons fait une quarantaine dans l’ancrage rouleur juste en face de Saint Georges à Grenade. Après une dizaine de jour, nous étions plus qu’heureux d’être autorisé à aller à terre à la marina de Port Louis afin de passer notre test COVID qui s’est avéré négatif. Quel bonheur d’être accueilli sur cette magnifique ile et pouvoir circuler librement.

Nous sommes aussi soulagés après toutes ces péripéties d’être arrivés à notre destination finale pour la saison des ouragans pour que notre Air Cool y soit en sécurité. Aussi, c’est une pause méritée pour l’équipage, qui en a vu de toutes les couleurs depuis les derniers mois. Tout quitter au Quebec afin de se rendre dans les Caraïbes sur son voilier comporte déjà son lot de défis mais si on ajoute la COVID par-dessus le tout… Disons que ça ajoute une couche ou deux de défis supplémentaires.

Nous avons décidé de passer quelques mois à la marina du Phare Bleu, au sud de Grenade. À cette marina, en plus d’y avoir une piscine et un restaurant, il y a également une super boucherie/épicerie fine (http://www.meatandmeetmarket.com) tenue par un couple de québécois Marie-France et Gilles (qui étaient auparavant propriétaires d’une autre marina à proximité). Ils font même des cretons, c’est le paradis! Pour nous, ce sont donc des vacances de notre voyage.

Air Cool amarré à la marina du Phare Bleu

Les ancrages intéressants sont pratiquement tous dans les baies du sud de Grenade, dont les principales sont Prickly Bay, Mount Hartman bay, Hog Island et Woburn bay. Il y a beaucoup de commodités à proximité pour les navigateurs car c’est une destination très développée pour le yachting. Il y a des magasins spécialisés pour les pièces de bateau, une voilerie, des spécialistes pour la creation et réalisation de toiles et coussins, marinas pour pouvoir sortir le bateau de l’eau et des équipes spécialisées en polissage, peinture anti salissures, entretien et réparations de moteur, etc… les navigateurs profitent généralement de la saison des ouragans pour faire l’entretien et l’amélioration de leur bateau et c’est vraiment l’endroit ideal pour le faire. C’est d’ailleurs dans nos projets de refaire une petite beauté à Air Cool, qui l’a bien mérité.

Nous sommes arrivés au Phare Bleu depuis seulement quelques jours et nous surveillons déjà la depression Seven qui est dans l’Atlantique et qui montre des signes d’organisation. Évidemment vu que c’est 2020 et rien cette année ne fonctionne comme prévu, la NOAA publie sa prévision de tempête tropicale Gonzalo avec une trajectoire prévue directement…. suspense…. je vous laisse deviner…bien oui l’oeil de la tempête se situe directement sur Grenade.

Immédiatement, la marina met en place le plan en cas d’ouragan. Pour notre part, on doit contacter nos assurances et envoyer de la documentation au cas ou il y aurait des dommages au bateau ou qu’il serait perte totale. Tout cela était bien abstrait quand nous étions au Québec et tu te dis que ça ne peut pas t’arriver, mais pour nos amis navigateurs, lisez vos contrats d’assurance très attentivement et préparez-vous en conséquence. Nous étions bien contents d’avoir fait nos devoirs parce que c’est une situation très stressante et il y a des gens qui ont découvert qui n’étaient pas couverts ou pas assez.

Sur le bateau, il faut enlever le dodger, le bimini, les voiles et tout ce qui pourrait avoir une prise au vent en cas d’ouragan, car la NOAA prévoit maintenant que ce devrait être un ouragan (le bonheur…). C’est relativement la panique sur l’ile car tout le monde se prépare en conséquence. Certains vont s’attacher dans la mangrove, ce qui est exceptionnellement permis. D’autres ont des stratégies pour se sauver hors de la zone de l’ouragan ou du côté navigable de celui-ci. Pour notre part, Air Cool et tous les bateaux de la marina sont espacés et amarrés avec des amarres d’ouragan face à la vague, au cas ou il y aurait une onde de tempête (montée de l’eau). Les propriétaires de la marina nous montrent l’emplacement de l’abri à ouragan pour les gens de la marina et le remplissent de nourriture et eau au cas où. Je dois vous avouer qu’à ce moment, on s’ennuyait pas mal de notre Québec natal. Un dicton célèbre de voile dit “Ne cherche pas l’aventure, elle va te trouver”, cette fois-la elle s’est surpassée!

Marina du Phare Bleu en mode ouragan

Une fois tout organisé pour Gonzalo, il ne nous restait qu’à attendre. Comme presque toute la flotille des Bahamas (voir Naviguer des Bahamas à Grenade en temps de pandémie ) était sur place et que c’était la fête d’un membre de la flotille, nous avons organisé un souper afin de souligner son anniversaire ainsi que notre premier ouragan. Finalement, heureusement pour nous c’était un non-évènement car la tempête est passée au sud de Grenade, sur Trinidad, sans faire trop de dommages. Mais c’était une excellente pratique, nous avons vu les nuages noirs de tempête au loin et c’était assez impressionnant.

Le reste de la saison des ouragans s’est déroulée tranquillement à Grenade, malgré une saison record en 2020 avec trente tempêtes et 13 ouragans dans l’Atlantique nord. Nous ne dormons jamais tranquille car on ne sait jamais. Nous surveillons le site de la NOAA au moins une fois par jour et tous les navigateurs des Caraïbes sont à l’affût.

La situation sanitaire ne s’améliorant toujours pas, nous renouvelons nos visas pour Grenade à chaque trois mois. Nous qui voulions avoir du temps pour visiter, nous sommes servis. Heureusement que Grenade est une ile qui a beaucoup à offrir vu sa diversité de climats qui est due à la différence de plusieurs degrés entre le haut des montagnes et la plage tout en bas. C’est une ile qui a été formée par l’activité volcanique donc elle est très montagneuse, avec une végétation tropicale. Elle est aussi surnommée Spice island (ile aux epices) car la production de toute sorte d’épices comme la muscade, le clou de girofle, la cannelle, le safran, le curcuma, etc… y est très importante.

Nous avons pu visiter une ferme locale dans les montagnes, la forêt tropicale ou habitent des singes Mona qui sont venus d’Afrique sur les bateaux de traite d’esclaves, nous avons bu le thé à la facon britannique (high tea), baignade dans les chutes, initiation à la plongée sous-marine, hiking, fabrique de chocolat, fabrique de rhum, Carenage (vieille ville de Saint Georges), et plus encore.

En octobre, nous sortons Air Cool de l’eau afin de faire un entretien moteur, sablage, peinture anti salissures et polissage. Air Cool est comme neuf.

On trouve le courage de remettre les voiles, toujours remisées depuis Gonzalo et de naviguer vers Carriacou avec nos amis de Point Final. Carriacou est une ile qui appartient à Grenade et qui est un peu plus au nord, à une distance d’environ 40 miles nautiques. Nous partons de la marina qui est au sud de Grenade et nous passons à l’ouest de Grenade afin d’être protégé de la vague. Quel bonheur de naviguer à nouveau et de voir le vent gonfler les voiles d’Air Cool, les condition sont idéales. En naviguant, nous devons passer à l’extérieur de la zone d’exclusion du volcan sous-marin Kick’em Jenny, une autre première pour Air Cool.

Air Cool avec Grenade en arrière-plan

Nous jetons l’ancre en fin de journée à Tyrell bay, juste à temps pour y admirer le soleil qui se couche dans l’océan. Nous avons retrouvé une tradition des Bahamas à Carriacou, car au coucher de soleil, les navigateurs soufflent dans des conques (gros coquilage).

À Carriacou, il y a beaucoup de services comme les douanes, une grosse épicerie, plein de petits magasins locaux et d’étalages de fruits et légumes, marché de poisson, un magasin de pièces de bateau, le traversier vers Grenade, pleins de bons restaurants et surtout des gens super sympathiques. Carriacou est exempte de tourisme de masse et la faune locale est composée de grenadiens, d’expatriés et de navigateurs. L’ambiance y est très relax et l’eau fait beaucoup penser aux Bahamas, de par sa clarté et sa couleur. On peut y faire facilement de l’apnée. Par contre, il faut être très prudents car beaucoup de gens s’y sont arrêtés pour un week-end et n’ent sont jamais repartis tellement cet endroit est charmant.

Si jamais vous avez la chance de visiter Grenade, ne laissez pas passer cette opportunité. Par contre, n’en parlez pas trop autour de vous 😉 afin de garder cette destination exclusive.

Aussi, je vous mets le lien avec la permission de Lexi Fisher, co-auteure du guide Doyle, sur le chapitre sur Grenade pour des infos complémentaires en anglais http://doyleguides.com/wp-content/uploads/2020/10/Grenada-2021-2022-Windward-Islands-FREE-Sample-Chapter.pdf

Naviguer des Bahamas à Grenade en temps de pandémie

Nous rêvions de partir de George Town dans les Exumas en mars dernier afin de faire des sauts d’iles en iles et en visitant tranquillement les Caraïbes jusqu’à la saison des ouragans. Nous avions prévu de nous arrêter à Grenade de juillet à novembre. Somme toute un plan ambitieux mais réalisable pour l’équipage du Air Cool, partis de Montréal en septembre dernier, pour une première année de navigation dans les Caraïbes. Les défis, on aime ça après tout.

18 septembre 2019, départ de la Marina Gosselin

Par contre, 2020 nous réservait la seule chose que nous n’avions pas prévu pour ce voyage, soit une pandémie mondiale. Comme tout le monde sur la planète, nous avons du nous adapter. Malgré la beauté des paysages qui nous entouraient dans les Exumas, nous avons été confinés sur notre bateau pendant plus de 50 jours, sans possibilité de mettre le pied à terre (pour le récit détaillé voir https://svaircool.com/2020/06/05/confinement-au-paradis-part-1/ et https://svaircool.com/2020/06/27/confinement-au-paradis-part-2/ ).

Grand confinement 2020, Vue de notre bateau mais interdiction de mettre un pieds sur Stocking island, Exumas

Pendant le confinement, lorsque nous réfléchissons à nos options, nous gardons toujours espoir de pouvoir nous rendre à Grenade. Par contre, c’est une très longue navigation pour nous y rendre de George Town, soit plus de 1200 miles nautiques (2100km). Avec toutes les frontières fermées dans les Caraïbes, cela nous apparaît de plus en plus improbable. On doit penser à l’approvisionnement en nourriture, carburant et eau. En plus d’être une tres longue navigation nous aurons le plaisir d’avoir le vent, les vagues et le courant dans la face… des heures de plaisir en perspective.

Vers le moi de mai, Grenade annonce officiellement qu’elle ouvre ses frontières pour les bateaux, en suivant un protocole bien précis impliquant des formulaires, tests et quarantaine. Nous décidons de former une flottille avec les bateaux qui sont aux Bahamas et qui ont pour projet de se rendre à Grenade. En équipe, nous avons réussi à sécuriser un arrêt à Turks & Caicos et un autre à Puerto Rico afin de nous réapprovisionner en nourriture, eau et carburant. Cela nous permettra aussi de nous reposer car les navigations qui nous attendent ne sont pas réputées pour être faciles.

Le 26 mai, huit bateaux ont donc finalement quitté George Town avec l’intention de passer l’été à la Grenade et d’y arriver avant que de véritables tempêtes ne frappent. Ce groupe était composé de Air Cool, Alegria, Breeze, Makitso, Mohini, Moonstone, PAREM et Point Final. battant divers pavillons (américain, canadien et britannique). Nous avons la chance d’avoir avec nous dans la flotille, nos amis québécois Pierre et Louise sur Point Final, qui sont partis du Québec en même temps que nous et qui ont passé leur confinement à Nassau.

📷 Point Final

Il y avait beaucoup d’excitation dans l’air ce matin-là, nous avons quitté à l’aube par la sortie sud d’Elizabeth Habour, afin de se rendre a Rum Cay, question d’avoir un meilleur angle pour se rendre a Turks & Caicos. Une petite navigation de 60 miles nautiques qui nous permet de s’habituer à naviguer en flotille et mettre nos procédures de sécurité en place.

C’est une agréable navigation, nous arrivons à Rum Cay un peu avant le coucher du soleil. Après une mauvaise nuit dans cet ancrage très rouleur, nous sommes partis à nouveau au lever du soleil le lendemain, en direction de Turks & Caicos, ce qui représente une navigation d’environ d’un peu moins de 200 miles nautiques soit environ 36 heures. La navigation a plutôt bien été, sauf pendant la nuit, ou plusieurs bateaux ont perdu temporairement leurs instruments car il y avait des orages électriques au loin.

Le 28 mai vers 13h, nous avons pratiquement T&C à vue. Enfin, nous allons pouvoir jeter l’ancre dans la magnifique Sapodilla Bay et nous y reposer. Soudainement, le ciel est de plus en plus gris et la mer s’agite. Nous avons maintenant en vue au lieu de T&C, le plus gros grain que nous avons vu de notre vie et il s’en vient directement sur nous. Après 36 heures de navigation offshore, soit notre plus longue à vie, nous nous en serions passé volontiers. Nous avons analysé la vitesse et la direction du grain et nous l’avons finalement contourné. C’est étonnant à quel point ce genre de grain peut faire lever les vagues rapidement.

Après s’être annoncé et enregistré auprès de Provo Radio, nous avons pu jeter l’ancre et apprécier l’eau cristalline de T&C.

Sapodilla bay

Les neuf jours suivants ont été passés à attendre une fenêtre météo pour se rendre à Puerto Rico. Heureusement, et contrairement aux Bahamas, nous pouvions visiter librement les bateaux des autres.

Le 8 juin, nous considérons que la fenêtre météo semble la meilleure possible afin de se diriger vers Puerto Rico. La navigation à venir est un bon défi pour tous les équipages, de par sa durée, ses conditions de mer et aussi le fait que nous devrons affronter le redoutable Mona Passage.

En effet, c’est une navigation d’un peu moins de 400 miles nautiques qui nous attend ce qui représente environ 80 heures. Nous avons préparé de la nourriture pour la durée du passage, en cas de mer houleuse. Vive le riz froid, les salades de pâtes et les oeufs cuits durs, mangé directement avec les ustensiles dans les recipients afin de faire le moins de vaisselle possible.

Les deux premières journées ont été assez sportives, contre le vent et les vagues. Nous avons des petits vallons de 4-5 pieds mais c’est ce qui était prévu alors le tout se passe relativement bien. Ensuite, c’est le paradis.

La troisième journée a commencé par une vue magnifique sur les montagnes de la République dominicaine que l’on pouvait apercevoir à travers les nuages qui les enveloppaient.

Nous avons par la suite eu une belle traversée juste au nord du Mona Passage. Nous n’aurions pas pu rêver de meilleures conditions de navigation.

Le 11 juin, nous sommes finalement arrivés, sans trop d’histoires à notre destination qui est Puerto Real, sur la côte ouest de Puerto Rico. C’est le seul port sur la côte est de Puerto Rico autorisé à admettre des bateaux étrangers pour réapprovisionner et pour des réparations. Nous pouvons profiter d’un superbe coucher de soleil dans la baie de Puerto Real le soir de notre arrivée.

En conformité avec les règles locales applicables, nous avons passé environ 2 semaines à Puerto Rico, profitant d’une certaine liberté, des bons restos et d’un réapprovisionnement digne de ce nom.

Étant donné que 2020 est spéciale sur tous les plans, nous avons pu expérimenter la plus dense brume du désert du Sahara depuis les 50 dernières années. Pourquoi je n’étais pas surprise?

Juillet est maintenant à nos portes, annonçant ainsi le début officiel de la saison des ouragans. Les autres bateaux de la flotille ayant décidé de rejoindre les deux premiers aux USVI, nous sommes seulement Point Final et Air Cool à faire ensemble la dernière partie du voyage. Une fenêtre météo se pointe à l’horizon et nous décidons de partir de bon matin le 27 juin.

Départ pour Grenade, le 🐶 avait l’air incertain, avec raison…

La mer est belle mais nous avons une bonne houle qui nous ralenti pas mal plus que nous aurions aimé. Nous avons peine à voir au loin les montagnes vertes de Puerto Rico à cause d’un nouvel épisode de brume du Sahara.

Pendant 3 jours, on se bat à voiles-moteur contre le vent, les vagues et le courant. Je vois parfois que l’on va a 2,5 noeuds et ça me décourage vraiment. Le plan initial était de faire cap de Puerto Rico vers la Martinique et par la suite avoir le vent avec nous et être protégé par les iles, mais nous sommes forcés de nous rendre à l’evidence que ce plan ne fonctionnera pas. Nous n’aurons pas assez de carburant. De plus, nous prenons la météo deux fois par jour avec notre IridiumGo alors nous savons à ce moment qu’une onde tropicale traversera la mer des Caraïbes dans 3 jours et nous ne voulons pas se retrouver dans sa trajectoire. Après discussion avec l’équipage de Point Final, nous décidons de faire un tack directement vers Grenade.

Les deux dernières journées ont été très éprouvantes, la mer était assez grosse, avec des 10-12 pieds de vagues de côté. Nous naviguons au près serré alors le bateau est vraiment gité et ce depuis plusieurs heures. Lors de la cinquième et dernière journée, le vent s’est vraiment levé. Les vagues sont tellement grosses que quand elles cassent sur le côté du bateau selon un certain angle, le cockpit est inondé d’eau salée et l’équipage est trempé même malgré le dodger, le bimini et les panneaux de côté. Heureusement, avec Point Final, nous nous encourageons durant toute la traversée. La nuit tombe, il y a maintenant entre 28-32 noeuds de vent, ce qui nous donne une heure d’arrivée en plein milieu de la nuit dans l’ancrage de quarantaine de Grenade, ce qui est loin d’être idéal.

Les deux équipages sont trop fatigués pour ralentir et attendre le matin, surtout avec les conditions de mer actuelles. Nous allons donc devoir nous ancrer de nuit, mais vu que c’est presque la pleine lune, la visibilité est très bonne.

Presque 1 heure du matin, nous avons enfin Grenade en vue. Richard du voilier québécois PhiloSophie vient de nous donner les infos sur une zone d’ancrage sécuritaire et facile pour la nuit car il nous a entendu discuter avec Point Final sur la VHF. Même très loin de chez nous on peut toujours compter sur la communauté québécoise de voile. Nous nous ancrons et allons dormir aussitôt.

Le lendemain matin, nous nous levons avec un bon café et l’odeur merveilleuse du ylang ylang transporté par la brise provenant des montagnes. On l’a fait, on est à Grenade 🇬🇩

Confinement au Paradis Part 2

Début avril 2020

Nouvellement de retour à George Town, Exumas, Bahamas après notre tentative ratée de descendre au sud avec le voilier (voir https://svaircool.com/2020/06/05/confinement-au-paradis-part-1/. À cause de la COVID-19, les règles se resserrent de plus en plus partout dans le monde et évidemment aux Bahamas c’est la même chose. On peut déjà comprendre que cette crise sera majeure pour le monde entier.

À distance, on voit la mobilisation au Québec pour les travailleurs de la santé, domaine dans lequel plusieurs de nos amis et anciens collègues travaillent. On envoie des messages d’encouragement à nos amis, on partage des vidéos inspirantes d’initiatives faites dans les résidences privées pour ainés. On partage des arcs-en-ciel de solidarité et on dit que ça va bien aller. Bref on vit la crise comme vous au Québec.

De notre côté, sur le Air Cool, on va rapidement faire une grosse épicerie de frais au Exuma market car on sent que ce sera probablement la dernière pour longtemps. Nous n’avons plus le droit de naviguer entre les iles et j’ai dû demander une permission spéciale à la Royal Bahamas Defence Force afin de revenir à George Town. Nous avions pris des captures d’écran de la permission obtenue sur tous nos appareils électroniques au cas ou nous nous ferions arrêter…

Au cas ou nous nous ferions arrêter par la force navale des Bahamas

Je reçois maintenant presque à chaque jour des courriels du Canada demandant à ses ressortissants de rentrer au pays.  Donc chaque jour, Marc-André et moi avons une conversation sur la meilleure décision à prendre.  On dort mal, moi particulièrement.  Chaque jour nous voyons des bateaux partir de l’ancrage de George Town afin de quitter le pays. 

Quelle est la moins pire des décisions à prendre à ce moment-ci? Nous ne pouvons pas sortir le bateau de l’eau ici, nous trouvons que c’est beaucoup trop exposé aux ouragans. Nous commençons à nous dire que nous pourrions attendre un peu et remonter le bateau au Canada par l’océan, ce qui est toute une expédition. Il est de toute façon trop tôt pour ce genre de navigation dans l’Atlantique Nord car il pourrait y avoir des icebergs!

L’autre option est de rebrousser chemin complètement et ramener le bateau au Québec par l’est des États-Unis, donc se retaper l’intracoastal, le frette, la baie de Chesapeake et son imprévisibilité, les écluses (si elles ouvrent), tout ça au plus intense de la pandémie.  Juste d’y penser ça nous donne envie de couler le bateau alors cette option est écartée assez rapidement merci.

La moins pire des options serait donc de retourner en Floride avec le bateau, le faire sortir de l’eau et de revenir par un moyen quelconque au Québec. Les locateurs d’auto sont fermés. Les aéroports aussi. La tante de Marc-André, toujours pleine de ressources suggère que nous pourrions remonter l’auto d’un snowbird ayant du quitter précipitamment la Floride. Elle nous réfère un groupe facebook et voilà que nous avons un plan B viable. C’est juste 1 journée de navigation d’ici si ça vire vraiment mal.

Nous avons par contre toujours espoir que les frontières réouvrent au sud, mais cette option est de moins en moins probable. Nous écoutons religieusement les allocutions du Premier ministre des Bahamas qui sont de plus en plus dramatiques et avec les autres boaters, décortiquons chaque parole de ses allocutions. Plusieurs plaisanciers ont pu expérimenter différentes interprétations de la Loi par les autorités des Bahamas et les récits pas très agréables commencent à être publicisés sur les réseaux sociaux.

Ici à George Town, le gouverneur de l’Ile est très pro-boaters car les touristes en bateau sont un gros moteur de l’économie des Exumas et la communauté a un très bon lien avec lui. Un protocole clair pour les plaisanciers s’en vient sous peu. On décide donc d’attendre mais plusieurs bateaux quittent de peur que les règles soient encore pires. On s’y attend aussi mais rendu là, sur le Air Cool nous sommes prêts à tout. On stresse aussi pour notre visa qui expire sous peu et que sans prolongation, nous serons illégalement dans un autre pays.

Comme de fait, le 14 avril, le fameux protocole sort. Surprise, les plaisanciers n’ont plus le droit du tout d’aller à terre. Genre zéro. Tu ne peux plus sortir de ton bateau. Dans l’ancrage c’est la panique totale. Cela veut dire que tu ne peux plus aller faire ton épicerie, tu ne peux plus disposer de tes déchets, plusieurs n’ont pas de machine pour faire de l’eau donc ils ne pourront que compter sur leurs réserves actuelles. Les plaisanciers avec des chiens ne peuvent plus aller faire faire leurs besoins à terre et pire nous ne pouvons plus débarquer du bateau même si nous avons une ile déserte devant nous.

Une chance que Fluffy est un chien qui s’adapte bien, elle a renoué avec son tapis gazon pour ses besoins mais avec plus ou moins d’enthousiasme haha. Également, le Premier ministre en profite pour ajouter que les non bahamiens ne pourront dorénavant pas se faire soigner aux Bahamas. Point barre. De toute façon en isolement sur notre bateau, les chances d’attraper la COVID sont plutôt faibles alors cette nouvelle ne nous énerve pas trop, on fait avec.

Petite parenthèse ici, nous trouvons que les Bahamas ont très bien géré leur risque COVID et comprenons pourquoi ces règles ont été mises en place.  Celle-ci étaient très sévères autant pour les locaux que pour les plaisanciers mais elles ont contribué à minimiser le nombre de cas (environ 104 cas confirmés et 11 décès en date du 25 juin) aux Bahamas.  De plus, leur système de santé est très limité et le pays n’était pas en mesure de prendre de chance.  L’impact économique est majeur, comme partout ailleurs mais les Bahamas s’en remettront quand le tourisme pourra reprendre.  Nous avons été également impressionnés par leur système scolaire.  Dès que le lock down a été décrété, le Ministre de l’éducation a mis en place l’école à distance pour les élèves, par le biais de la télévision et d’internet, afin d’assurer le maintien de l’enseignement.  On regardait la situation au Québec et on se disait que somme toute, nous étions assez bien aux Bahamas.

Revenons-en au fameux protocole. Après la nouvelle encaissée, la communauté locale s’est activée et en moins de 24 heures, nous avions un tout nouveau système en place pour s’approvisionner. Tout passera désormais par la livraison au bateau. Roston MacGregor, un local, s’est procuré un petit bateau de livraison afin d’aider gratuitement les plaisanciers à obtenir leurs provisions, disposition des déchets, livraison d’eau potable, remplissage de propane, etc…Exuma market a également débuté rapidement la commande en ligne et la livraison au bateau. Nous avons été très impressionnés et touchés par la grande solidarité des gens des Exumas. Fluffy a même trouvé le moyen de faire une infection urinaire et en moins d’une journée, nous avions des médicaments pour elle livrés au bateau en plein lockdown.

Rendu là, nous sommes environ une centaine de bateaux dans l’ancrage et la vraie quarantaine commence.

Au moins, nous avons reçu notre prolongation de visa jusque vers la mi-mai alors le stress était moins présent. Nous avons donc décidé d’en profiter malgré le fait que nous ne pouvons pas sortir du bateau. Nous avons beaucoup relaxé, lu, cuisiné, essayé de jardiner, joué avec Fluffy à la balle à l’intérieur du bateau, fait des tournois de Monopoly deal, fait des tours du voilier en nageant, appris un peu d’espagnol et écouté du Netflix.

Presque chaque jour, deux dauphins viennent nager avec nous à côté du Air Cool. Ils semblent beaucoup apprécier de nager avec Fluffy. Une fois, le Capitaine et Fluffy nageaient à côté du bateau et un gros poisson gris est arrivé subitement. Marc-André a sorti le chien à bouts de bras de l’eau en me criant de venir la chercher pour la remonter dans le bateau. Fiou.. c’était nos amis dauphins et non pas un requin qui se cherchait un amuse-gueule poilu.

Nos amis dauphins

On doit faire notre lavage à la main et au siphon, au moins ça fait faire de l’exercice. On aime ça voir le bon côté des choses sur le Air Cool 😂.

Chaque matin, nous écoutons le cruisers net au channel 72 sur la radio VHF en prenant notre café et en déjeunant. Nous remercions grandement Emily et Clark Willix pour ce morning net, qui nous faisait sentir moins seuls. Si vous voulez voir ce qu’a l’air un morning net vraiment bien fait: https://youtu.be/AzQFqS-qj8

Il ne se passait normalement pas grand-chose d’autre de la journée et à part les contacts avec nos proches en facetime et au téléphone, c’est la seule interaction sociale que nous avons pour un bout. Et avec deux dauphins.

Nous avons vu des merveilleux couchers de soleil et Marc-André a même pris sa douche pendant le début de la tempête tropicale Arthur. Tu es un vrai pirate maintenant.

Au bout d’un certain temps, on commence à reprendre espoir et entrevoir que notre voyage de rêve est encore possible. En effet, Grenade annonce qu’ils vont ouvrir aux plaisanciers avec plusieurs modalités dont une quarantaine de 14 jours et un test négatif de COVID à la fin de la quarantaine. On s’inscrit où? Avec nos amis de Point Final, on est super énervés parce finalement on va vraiment aller à Grenade en 2020. Pierre et Louise sont à New Providence (Nassau) et ne peuvent pas bouger depuis un certain temps eux aussi. Heureusement, nos appels téléphoniques réguliers permettent de garder le moral et de croire en notre rêve commun d’aller à Grenade cet été.

L’idée d’une flottille est déjà dans l’air parce qu’aller à Grenade à partir des Bahamas, c’est toute une navigation. Notre projet initial lorsque nous sommes partis du Québec était de descendre tranquillement les iles de l’archipel des Caraïbes pour arriver à Grenade vers le 1er juillet afin de s’y abriter pour la saison des ouragans 2020, qui s’annonce plus intense que la normale. Êtes vous surpris? Donc notre plan était de faire des courtes navigations de jour entre les iles. Merci COVID, aucune ile n’est ouverte alors on devra faire de très longues navigations assez éprouvantes. C’est plus ou moins 1000 miles nautiques (1800km) à partir des Bahamas. Pour vous donner une idée, c’est environ l’équivalent de partir du Lac Champlain et d’aller à Fort Lauderale en voilier, mais cette fois-ci dans l’Océan au lieu de passer à l’intérieur des terres. Le fait de voyager plusieurs bateaux ensemble est plus sécuritaire et rassurant, surtout avec les navigations à venir. Tout le monde a certaines forces, que ce soit en mécanique, météo, navigation, etc… et pourront en faire bénéficier les autres.

Nous décidons donc d’organiser cette flotille en collaboration avec un autre bateau Canadien qui s’appelle Mohini. Len, Shelley et leurs deux petites filles sont sur ce catamaran et ont le même plan de navigation que nous. Le tout s’organise rapidement et nous sommes finalement huit bateaux dans la flotille. Nous réussissons à sécuriser un arrêt à Turks and Caicos (Merci Dave et Renee sur Alegria) et à Puerto Rico afin de pouvoir remettre du carburant dans nos bateaux et se réapprovisionner avant le grand voyage vers Grenade.

Nous avons vraiment pris conscience que nous ne rêvions pas et que nous allions vraiment partir vers Grenade quand nous avons vu nos amis Louise et Pierre arriver à George Town sur Point Final!. Retrouvailles après plus de 4 mois avec nos amis.

Nous sommes à nouveau autorisés à aller à terre vers le 23-24 mai, après plus d’un mois de confinement dans le bateau. Nous faisons donc notre approvisionnement final et nous partons enfin de George Town le 26 mai en flotille à destination de Turks and Caicos.

Depart de la flotille, photo gracieuseté de Pierre et Louise sur Point Final

Et voici notre dernier lever de soleil sur les Bahamas, après y être restés plus de 6 mois.

Confinement au Paradis Part 1

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13 mars 2020, nous quittons George Town dans les Exumas afin de nous rendre à notre point de départ pour la République Dominicaine, soit Mayaguana. Nous sommes très contents de partir de George Town et enfin voir d’autres paysages. Aussi, nous allons rejoindre notre famille à la mi-avril à St-Martin, nous avons super hâte de les voir. Nous avons loué une maison ensemble dans la Baie de Cul-de-sac, au même endroit ou Marc-André et moi avons fait quelques séjours en 2012-2013 et 2014. C’est une petite baie superbe ou quelques voiliers sont ancrés et cela nous faisait dont rêver lors de nos précédents voyages. Cette année, ce sera le Air Cool que nous pourrons contempler du haut de notre terrasse à Saint-Martin.

Assez rêvé, nous avons une navigation à faire. Cela fait plusieurs jours qu’il vente assez fort mais nous avons laissé passer 48 heures avant de partir afin d’être certain que la mer était plus calme. Il annonce quand même 4 pieds de vague, mais rien que nous n’avons jamais vu jusqu’ici. Nous sommes plusieurs à partir, la plupart remontent au nord et c’est là que nous disons au revoir à Eclectic et à Bel Motivo. Il y a tellement de bateaux qui quittent le harbour qu’on dirait que nous participons à une régate.

Une autre régate?

On a le vent dans la face en sortant, tel que prévu. Aujourd’hui ce sera une navigation au moteur pour se rendre à Rum Cay, ce qui représente environ 50 miles nautiques. Nous naviguons quelques heures pour se rendre compte que les vagues sont beaucoup plus rapprochées qu’annoncées et que nous ne serons pas en mesure de se rendre à Rum Cay de jour. Nous décidons donc de faire un arrêt à Long Island à la place.

Nous arrivons en fin de journée à Calabash Bay, Long Island et c’est magnifique. Nous y voyons Oceo, un couple avec ses trois petites filles, parti du Québec l’automne dernier et que nous avons croisé quelques fois en descendant aux Bahamas. Comme nous avons la même destination, nous décidons de descendre ensemble à Mayaguana lorsque nous serons prêts à partir. Eux aussi ont Grenade pour destination finale.

Nous regardons la météo et décidons de partir le surlendemain. Nous prenons donc un petit break et j’ouvre La Presse+ que je n’ai pas eu le temps de lire hier et ce matin. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) vient de déclarer une pandémie mondiale. On se demande quel sera l’impact pour la continuité du voyage mais on ne s’en fait pas trop. On se pose aussi la question si il est préférable d’attendre un peu ici au lieu de faire une grosse navigation vers le sud, mais vu que nous avons la réservation à St-Martin et que nous sommes serrés dans le temps, on doit descendre sans attendre.

Le lendemain nous cuisinons, relaxons et nous nous préparons mentalement pour la navigation de plus de 30 heures qui nous attend. Le 15 mars, nous levons donc l’ancre avec Oceo au lever du soleil. C’est superbe, mais il vente encore un peu plus qu’on aimerait et la mer est plus grosse qu’annoncé. Lorsqu’on passe la pointe de Long Island, on ne voit presque pas Oceo lorsqu’il s’enfonce dans la vague. J’imagine que la vue du Air Cool doit être assez similaire. Il y a des nuages alors l’eau est bleu foncée tirant sur le gris et les vagues sont impressionnantes.

On a beaucoup lu sur les navigations à venir, assez pour savoir que celle-ci entre dans un niveau plus expert. Les vents sont généralement de l’est ce qui fait que la houle part de l’Europe et vient s’écraser ici. En navigant avec nous sur le bank dans les Exumas (côte ouest protégée par la terre), notre amie Isabelle a rebaptisé le côté exposé à l’est de « Mer Méchante ». Ça décrit assez bien l’état de la mer à ce moment-là… On se fait vraiment brasser beaucoup et le bateau a un angle de gite (penché sur le côté) d’environ 14-15 degrés. En clair, le bateau est sorti de l’eau d’un côté et penché de l’autre de façon très prononcée. Super le fun quand tu fais un peu de voile sportive le jour pour t’amuser. Pendant 31 heures de ce régime avec des vagues de 6-7-8 pieds assez rapprochées, c’est moins agréable. Tous tes muscles sont tendus afin de supporter la gite du bateau, en plus du stress d’une longue navigation dans des conditions pas nécessairement idéales. Pendant la nuit, les vagues sont plus grosses (évidemment) et sur mon quart il se met à pleuvoir. J’ai froid, c’est humide, j’ai vaguement mal au coeur et les vagues sont grosses. Mais je n’ai pas peur car j’ai pris confiance au bateau. Toute une différence avec notre première traversée dans l’Atlantique https://svaircool.com/2019/10/28/le-passage-dans-latlantique-nord-ou-la-nuit-ou-jai-gagne-mes-galons-de-capitaine/

Je me surprend même à être super fière de mon 7 noeuds de vitesse pendant la nuit lorsque mon vent vire au nord-est et que je vois 21-22 23 noeuds de vent, seule à la barre. En même temps, plus vite on va, plus vite ça va finir, vive les biscuits soda haha.

On a finalement l’ile de Mayaguana en vue, après 30 heures de navigation. La baie est tellement longue pour se rendre à notre ancrage, on dirait que cette portion-là dure 100 ans. On jette enfin l’ancre vers 14-15 heures car vous vous rappelez qu’il est important de toujours arriver de jour dans un ancrage, surtout s’il est inconnu. On prend une douche (le bonheur) et on s’assoit pour relaxer. J’ouvre ma boite courriel et j’ai un courriel de la part du Canada qui conseille aux Canadiens de rentrer au pays et d’éviter tout voyage non essentiel. On parle à nos familles et tout le monde est inquiet pour nous malgré que nous nous sentons vraiment en sécurité et loin de tout ça. De notre côté, la saga du papier de toilette et des embouteillages dans les Costco nous fait bien rire, on trouve que les gens ont perdu la tête. On se couche tôt et on analysera la situation demain. De son côté, Oceo décide de continuer et de quitter pour Turks and Caicos le lendemain.

Les vents ayant repris de plus belle, nous passons quelques jours dans cet ancrage à essayer avec notre famille, d’annuler notre réservation commune à St-Martin et eux doivent essayer d’annuler leur vol. Il devient de plus en plus évident que la situation est grave et que cela aura un impact sur ce voyage. Grosse déception pour tous car nous attendions ces retrouvailles avec impatience.

Une fois ce dossier réglé (Merci Éric pour tes démarches à l’infini et ta patience), on décide de rester aux Bahamas encore un peu étant donné que notre visa et notre « cruising permit » sont encore valides. De toute façon ou irions-nous? Les frontières de la République Dominicaine ou nous nous rendions sont déjà fermées (18 mars), celle de Turks and Caicos viennent de fermer (26 mars) et nous ne voulons pas prendre la chance de faire 3 à 4 jours de navigation vers Porto Rico et se faire interdire l’accès au pays. Nous commençons à lire des histoires d’horreur sur les différents groupes de navigation que nous suivons. Cuba et la Polynésie française expulsent carrément les navigateurs, qui sont sans ressources. Le traitement est variable d’une île à l’autre mais on trouve qu’on est bien en ta… dans les Bahamas même si le pays vient de déclarer la fermeture de ses frontières et un couvre-feu en tout temps, sauf pour les services essentiels et l’approvisionnement. Nous sommes constamment sur internet à l’affût d’une nouvelle qui pourrait avoir un impact et nous indiquer la meilleure décision à prendre.

Ça devient de plus en plus inquiétant et nous avons des conversations de plus en plus spéciales, le Capitaine et moi. Q: « Chéri, pour combien de temps tu penses qu’on a des provisions dans le bateau? R: De 3 à 6 mois si on se rationne ».

Ok je peux vivre avec ça. « Q: Chéri, combien de fois on peut faire de l’eau avec la machine à eau avec l’essence qu’on a en stock pour la génératrice? R: Peut-être 12 à 15 fois ». Ok je statue que dès maintenant, on prend nos douches à l’eau salée et que l’eau douce sera pour boire et cuisiner. Pendant ce temps au Québec, la situation est très grave et nous nous inquiétons pour nos proches, nos amis et aussi pour nos entreprises. Familles et amis nous demandent constamment quelles sont nos options, ils sont très inquiets aussi. Nous les rassurons tout en étant de moins en moins confortables de notre côté malgré la beauté du paysage.

On décide d’aller à terre à Mayaguana afin de chercher du diesel pour le bateau et du frais car il ne nous reste presque rien. C’est permis car nous avons bien lu les informations du Gouvernement des Bahamas. Nous y allons avec 2 autres familles qui sont sur des catamarans (Witwat et Busybee) dans le même ancrage que nous et avec lesquels nous avons fait quelques activités. Ils s’en vont aussi à Grenade et sont tous super gentils. Eux quittent le lendemain pour Porto Rico car ils sont américains donc ils sont certains de pouvoir être admis. Nous non et nous sommes à penser que nous devrons malheureusement rebrousser chemin. Notre voilier ami Oceo, après avoir passé quelques jours à Turks and Caicos a fait demi-tour, la famille a décidé de faire une croix sur leur voyage de rêve préparé depuis longtemps et de retourner au Québec car ils trouvent le projet trop risqué avec trois filles en bas âge vu la COVID-19. Maudit virus.

Mayaguana donc… On débarque du bateau et là c’est « twilight zone ». Les rues sont désertes et les commerces sont fermés, on dirait qu’on débarque sur une ile fantôme. Ça fait presque 2 semaines que nous ne sommes pas débarqué du bateau alors c’est un choc de voir ces îles des Bahamas si accueillantes en temps normal, dans cet état. Un gentil monsieur vient nous ouvrir le marché. Il y a quelques tomates et des zucchinis qui avaient clairement connus de meilleurs jours en plus de denrées non périssables de base. Nous nous sommes assurés que ces provisions n’étaient pas réservés au locaux et que nous ne nous approprions pas de ressources au détriment de ceux-ci avec le Monsieur, qui s’est également avéré être le pasteur de la communauté. À la fin de nos petits achats, il a même fait une prière mains jointes en rond avec les deux familles, afin de les protéger dans leur navigation à venir pour Porto Rico. C’était beau et touchant.

Nous sortons de l’épicerie et une voiture de police passe tranquillement en nous regardant. On salue le policier dans la voiture de police. Nous marchons jusqu’au quai ou nous avons laissé les dinghys et ensuite nous attendons notre essence qui doit être livré par un local et dont nous avons fait les arrangements à l’avance. Le policier repasse encore une fois et nous regarde fixement pendant que l’essence nous est livré, et argumente en créole avec le monsieur local. Nous sommes les derniers sur la rive lorsque la voiture de police revient avec les gyrophares allumés. Il y a maintenant deux policiers dans la voiture. Celle -ci s’arrête et les policiers portent tous les deux des masques. Ils ont une attitude agressive et menaçante et ils disent à Marc-André et moi de « pull up the anchor and get out of the country ». Donc de lever l’ancre et de quitter le pays. Marc-André essaie d’argumenter un peu avec les policiers en leur disant que nous sommes autorisés à réapprovisionner pour l’essentiel, que le Premier ministre des Bahamas a été très clair la-dessus et que nous sommes légalement aux Bahamas. Tout cela est bien vrai, mais nous ne sommes pas dans notre pays, ce sont eux qui ont des armes à la ceinture et ils n’ont rien à faire de nos explications. On quitte donc en vitesse le quai. J’ai les genoux mous et nous avons de la difficulté à réaliser ce qui vient de se passer.

Merci COVID-19 qui a fait de nous les voyageurs, une menace pour les locaux. Nous venons d’avoir notre première expérience de voyage au temps de ce maudit virus. En revenant sur le Air Cool, on ne dit pas un mot durant plusieurs minutes. Ensuite, je dis à Marc-André que pour la première fois depuis que nous sommes partis du Québec, je ne me sens vraiment pas en sécurité. En effet, demain matin, nous serons le seul voilier restant dans l’ancrage car les deux autres bateaux seront en direction de Porto Rico et nous sentons que le spotlight sera sur nous. Pour la première fois, nous barrons la porte du bateau avant d’aller au lit et le Capitaine dort avec la machette à noix de coco sur la tête de lit. Après une mauvaise nuit, nous discutons et décidons de quitter Mayaguana pour retourner à George Town, ou l’approvisionnement est facile et ou il y a encore beaucoup de bateaux sur place. C’est une décision crève-cœur pour nous de retourner vers le nord car ce geste confirme que notre voyage est probablement à l’eau et que nous devrons penser à retourner au Québec au lieu de continuer vers le Sud. Notre maison est notre voilier car nous avons tout vendu/donné/prêté au Québec, qu’est-ce qu’on va aller y faire? C’est frustrant car ce genre de voyage demande une grosse planification et nous avions si hâte d’en profiter… Quelle déception.

Nous partons le lendemain pour Samana Cay, une île déserte à environ 1 journée de navigation au nord ouest de Mayaguana car la météo n’est pas assez clémente pour faire une traversée vers George Town. Nous arrivons à Samana Cay en fin de journée. Il y a beaucoup de patates de corail en surface et le Capitaine les évite. Tout à coup, bang et re bang. Nous avons touché le fond avec la quille. La carte montrait qu’il y avait de l’eau et même à marée haute nous avons touché le fond. On ne s’énerve pas trop car c’est du sable mou mais nous avons bien hâte d’arriver à l’ancrage qui est magnifique, avec des plages à l’infini d’un côté et le récif de corail de l’autre, sur lequel vont se fracasser les vagues. Nous y passons trois jours, nous faisons de la super apnée et de la relaxation. Ici il n’y a pas d’accès internet donc on peut se désintoxiquer des nouvelles en continu et des réseaux sociaux. Le temps est comme suspendu et nous avons l’impression d’être en vacances. Le niveau de stress diminue un peu.

Nous sommes partis de Samana Cay vers 13h le 30 mars.  Notre calcul de marée était moins précis et il n’y a pas beaucoup d’eau pour se sortir ou entrer dans notre ancrage mais ça semble marée haute. Nous nous dirigions vers la sortie ou nous avions touché le fond de sable déjà a l’entrée 3 jours plus tôt, lorsque une barque de pêcheurs bahamien nous fait de grands signes.  Nous les avons salué mais ils continuaient à nous faire de grands signes, genre « turn around it’s too low »… 

Nous avons donc fait demi tour afin de prendre l’autre sortie (cut) très difficile que nous ne voulions pas prendre.  Les commentaires sur cette cut étaient que c’était très étroit et très difficile, entre deux récifs de corail et avec de la houle.  Ben… c’est par là qu’on a du sortir…

Un dauphin est venu nous dire bonjour et c’est comme si il nous montrait le chemin vers la cut.  Il nous a escorté pendant les 20 minutes que ça a pris avant d’être en zone sécuritaire, tout en sortant souvent de l’eau à côté du bateau afin de s’assurer qu’on le voit bien et il est sorti en mer juste devant nous pour ensuite disparaître . Quel moment!

 C’est par contre la seule fois que Marc-Andre m’a dit qu’il avait eu les genoux mous… depuis qu’on est parti du Québec il y a 6 mois (chacun ses moments de stress).  C’était très intense avec les vagues qui déferlaient sur les deux récifs qui nous entouraient, le courant, les rochers, etc.  J’avoue que j’ai fermé mes yeux et fait beaucoup d’exercices de respirations pendant la sortie de cette cut.

Nous nous sommes remis de nos émotions et voyant que la mer etait relativement calme, Marc a mis la ligne a l’eau. Une touche! Yessss non le poisson s’est décroché. Nous avons été récompensés environ 1 heure plus tard par… fish on!! Un beau petit thon d’une dizaine de livres et le Capitaine qui en plus m’avait dit 5 minutes plus tôt, que ça serait vraiment cool de pogner un petit thon. Le Capitaine était bien content sauf pendant qu’il arrangeait le poisson penché à l’arrière du bateau avec la houle… Il a eu mal au cœur pendant un petit moment après l’opération Thon.

Très belle traversée sauf que quand la lune s’est couchée sur mon quart vers 2-3 heures du matin, elle était rouge et je pensais que c’était des lumières de bateau au loin. Heureusement, elle s’est couchée vite et j’ai bien ri de moi-même. Nous sommes donc a George Town et bien contents d’y être car le Premier Ministre vient d’annoncer que les gens sur les bateaux de plaisance ne pouvaient plus aller a terre sur certaines îles même pour s’y approvisionner, dont Mayaguana fait partie. Les Bahamas veulent protéger les îles qui ne sont pas touchées par la COVID-19. Nous sentons que les mesures se resserrent, que nous réserve la suite?

Paradise Found

« From space, the Bahamas is the most beautiful place on earth« 

Chris Hadfield, astronaute

Pas juste de l’espace, on peut vous le dire…. Par ou commencer? Nous vous écrivons ces lignes de George Town dans les Exumas, ou nous venons tout juste de faire extensionner notre visa qui expirait aujourd’hui le 11 mars 2020. Cela fait donc déjà trois mois que nous sommes aux Bahamas. Même si le début du séjour a été mouvementé, à partir de Noël c’est vraiment le début des vacances pour l’équipage du Air Cool.

Nos premiers matelots sont venus nous rejoindre le 28 décembre. Ma soeur Catherine, son chum David et mon frère Simon sont enfin arrivés. Nous les attendons à la Marina du Nassau Yacht Haven et je ne peux vous dire à quel point on est contents de se voir. On démarre en force car la météo ne nous permet pas de naviguer jusque dans les Exumas la première journée, alors on va faire la grosse épicerie vu qu’on a des bras de matelots et on va leur faire goûter leur première « conch salad » des Bahamas chez McKenzie’s près de la marina.

Nous avons bien hâte de partir de la marina car nous savons que nous n’avons plus qu’une navigation à faire afin d’être enfin dans les Exumas, soit le PARADIS.

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Le 30 décembre, c’est donc un départ pour une navigation d’environ 40 miles nautiques sur le Bank, direction Allan’s Cay, soit la fameuse Île aux iguanes. C’est environ 5-6 heures de navigation et il y a de la belle vague de 4 pieds assez courte. Pour nos matelots qui n’ont connu que le Lac Champlain, c’est quand même tout un baptême afin de devenir des vrais « salty sailors ». David et Simon adorent leur navigation tandis que Cath qui est déjà sujette au mal des transports en temps normal… a un peu le mal de mer.

Mais nous arrivons finalement à destination. L’eau et les paysages sont tellement beaux, nous sommes tous un peu sans mots. On dirait que c’est irréel et que c’est impossible que nous soyons tous ici ensemble à fêter le Jour de l’An 2020 et l’arrivée d’une nouvelle décennie. Mais que demander de plus de le fêter ici tout en chantant à tue-tête des chansons de la Bottine souriante?

Notre prochain arrêt est Highbourne Cay, aussi surnommée la Baie des Méga yachts. Pas un coup de coeur mais impressionnant de voir cette concentration de richesse dans une si petite baie.

Ensuite, un arrêt à Norman’s Cay ou il y a une épave d’avion d’un des associés de Pablo Escobar que nous allons observer en plongée en apnée, et nous avons fait une tentative ratée d’aller au mythique restaurant MacDuff’s, qui est malheureusement fermé cette seule journée de la semaine (un jeudi genre).

Nous nous rendons ensuite à Shroud Cay, ou d’autres Méga yachts sont ancrés. À cet endroit, nous allons faire la « dinghy route » c’est à dire naviguer avec le dinghy dans la mangrove au milieu des tortues! C’est aussi le début du Exuma Land and Sea Park, soit une réserve naturelle protégée des Bahamas depuis 1958 (https://www.bahamas.com/vendor/exuma-cays-land-sea-park) où pour le grand malheur des hommes de l’équipage, la pêche y est interdite. En effet, depuis que nous sommes arrivés dans les Exumas, une nouvelle passion (obsession?) voit le jour chez eux, la pêche sous toutes ses formes incluant la pêche sous-marine au harpon (sling).

Prochain arrêt, Warderick Wells qui est un lieu mythique pour tout navigateur qui se rend aux Bahamas. En effet, les équipages qui s’y rendent laissent une offrande à Neptune (normalement une plaque au nom de leur bateau) du haut de Boo-Boo Hill et demandent à celui-ci de les protéger durant leurs prochaines navigations. Les photos sont tellement belles que nous avons eu de la difficulté à choisir. Magnifique endroit.

Nous continuons toujours notre descente vers le sud. Vers le 5 janvier, nous demandons alors à nos matelots s’ils désirent vraiment se rendre à George Town qui était notre destination première ou bien arrêter à Staniel Cay et y reprendre l’avion pour Nassau car nous arrivons environ au tiers des Exumas. Voulant conserver un rythme plus relax parce qu’après tout c’est les vacances, nos matelots décident de repartir de Staniel Cay. Nous nous rendons tout près de Compass Cay, à l’Aquarium afin d’y faire de la plongée dans un récif de corail qui fait un effet de plonger dans un vrai Aquarium. Méga coup de coeur que cet endroit et pas besoin d’être un grand nageur pour profiter de cette plongée. Dès que tu entres dans l’eau, des centaines de poisson exotiques de toutes les sortes nagent autour de toi. C’est vraiment impressionnant. À côté, on l’a malheureusement découvert seulement après notre visite, il y a un magnifique banc de sable qui se découvre à marée basse. Tout près se trouve également le « Bubble bath », ou l’eau de la mer se déverse de l’autre côté des rochers afin d’y former une piscine naturelle

La destination d’après c’est Staniel Cay, où il y a les fameux cochons qui nagent dans l’eau. C’est un arrêt obligé car ici c’est annoncé partout mais entre vous et moi, passez vite et n’apportez pas de nourriture car c’est au risque et péril de vos doigts, comme j’en ai presque fait l’expérience. Laissez les autres touristes risquer leurs doigts et prenez vos photos après 😉

Staniel Cay c’est aussi l’endroit ou il y a le mythique Staniel Cay Yacht Club, qui a accueilli l’équipe de tournage du film de James Bond « Thunderball » (1965), vu la proximité de ladite grotte. Super belle ambiance et déco bord de plage vintage en plus d’une bonne « ice cold Kalik ».

Également, c’est dans ce secteur que nous voyons le plus de requins nourrice, qui passent sous le bateau, bien relax contrairement à l’équipage la première fois…

Visite sous le bateau… Mettons que ça te tente moins d’aller nager dans cette belle eau turquoise quand il est dans les parages

Après une manœuvre périlleuse du Air Cool et de son Capitaine, ou nous avons retenu notre respiration tellement la trajectoire était étroite, avec d’un côté un banc de sable et de l’autre un Méga yacht de plusieurs millions de dollars, nous nous rendons à un ancrage plus près de l’aéroport de Staniel Cay. Nos matelots nous quittent le 10 janvier à bord de Coucou Airline (Flamingo Airline), une compagnie locale qui dessert certaines iles des Bahamas) et qui est un très petit avion ou te sens très proche des pilotes jusqu’à l’atterrissage à Nassau. Pratiquement tous nos matelots ont du prendre ce genre d’avion pour venir nous voir, fallait qu’ils nous aiment hen!

Nous devons ensuite nous rendre tout au sud des Exumas, à Emerald Bay Marina à George Town, car Marc-André doit assister aux festivités du Super Bowl à Miami début février et comme le Air Cool, Fluffy et moi restons ici, nous voulions un endroit sécuritaire ou je n’aurais pas à déplacer le bateau en cas d’un coup de vent ou autre.

En descendant, nous faisons un arrêt à Black Point, petit village typique des Bahamas avec des maisons colorées et une magnifique plage et aussi une dame qui fait le meilleur pain au coconut que nous avons mangé de toute notre vie.

Par la suite, notre dernier arrêt avant George Town est Musha Cay, qui est magnifique également. Il n’est pas possible de débarquer sur la plage car c’est l’ile privée de David Copperfield. Si jamais ça vous tente de louer une habitation, les tarifs débutent à 57 000$ US la nuit. Si jamais vous en louez une, appelez-nous ça nous fera plaisir d’aller vous voir et de vous faire faire un tour sur le Air Cool http://www.mushacay.com/html5/#/home

Après une navigation en mer calme (??), une bonine plus tard et nous sommes rendus à George Town. Nous devons en effet nous réapprovisionner. Aux Bahamas, l’approvisionnement de produits frais est assez difficile car tu dépends du « mailboat » qui passe plus ou moins régulièrement selon la météo.

Une autre vie. Et si tu vas au marché trop tard dans la semaine, bien tu vas être quitte pour manger des cannages et faire preuve d’imagination. Comme aller chercher des langoustes chez la coiffeuse…

De plus, Fluffy adore courir sur la plage. Il ne faut jamais prononcer le mot B-A-L-L-E. On relaxe, on profite de la plage et du soleil.

Fluffy et sa B-A-L-L-E

Juste pour le plaisir, voici un des magnifiques coucher de soleil sur George Town.

Ben c’est ça…

Fin janvier arrivant, on doit se rendre à la Marina d’Emerald Bay afin que Marc parte pour Miami. On s’y rend par une journée très calme mais l’entrée de cette marina est assez épeurante merci. D’un côté tu as la falaise de roches et de l’autre côté un mur de ciment. Environ un bateau par année s’y échoue… Je n’ai pas de photos ou de vidéo de cette entrée car j’étais trop occupée à ne PAS faire de pipi nerveux et à répéter sans cesse à la marina à la radio que nous étions en approche sans réponse. Le Capitaine comme à l’habitude à réussi à nous rendre à bon port tout en surfant sur une vague… Ouf.

Mais la marina est super, en plus d’avoir la buanderie gratuite (Quand ça fait plus de 4 mois que tu vis sur ton voilier, tes priorités changent haha). J’ai hâte à ma semaine de vacances avec mon amie Julie qui s’est « sacrifiée » pour me tenir compagnie aux Bahamas pendant que Marc-André sera à Miami. On l’accueille et on va souper au Grand Isle Resort tout près de la marina. Et là, après souper on a LA conversation toilette que l’on doit avoir avec tous les nouveaux matelots invités sur le bateau…. Ça se résume à peu près à : Si tu ne l’as pas mangé avant, ça ne va pas dans la toilette. Les consignes sont claires et Julie comprend bien le tout, on fait des blagues là-dessus avant de dormir. Le lendemain matin, Marc-André quitte le bateau, un peu inquiet de me laisser seul avec la gestion du chien, du bateau, etc…. et il m’indique ou sont rangés les outils jute au cas. Je pars à rire et je lui dit que je ne vois pas pourquoi j’aurais besoin d’outils. WELL…. Désolée Julie, je n’ai pas le choix de raconter…

Lorsqu’en revenant de la plage pour le 5@7, j’utilise la toilette, je trouve qu’elle fait un drôle de son. Je demande à Julie si elle a jeté son papier de toilette dedans aujourd’hui et elle me répond que pas du tout et que les consignes étaient claires. Parfait. On repart souper, je me dis que ça va sûrement s’arranger (ben oui…). On revient au bateau, il commence à être tard et je retourne au toilette. C’est pire. En plus du bruit inhabituel qui s’est accentué, l’eau de la cuvette revole hors de la toilette. WTF. Je demande à nouveau à Julie si elle a mis du papier. Elle est affirmative, elle n’a pas mis de papier et clairement elle trouve que je commence à faire une fixation avec cette histoire de toilette. Je flush, je flush… ça empire. Je lui dis qu’on dirait que quelque chose fait forcer le moteur. Je ne comprends pas, pis le Capitaine qui est parti ce matin et qui revient dans 1 semaine. Déjà qu’il a un traumatisme avec la toilette.

L’ILLUMINATION! Julie m’informe qu’elle a jeté un tamp** dans la toilette le matin même et que c’est peut-être ce qui cause le problème. Je respire profondément et lui dit qu’il y a des bonnes chances que ça soit la source du problème effectivement. On regarde des vidéos Youtube sur la façon de se sortir de cette situation. Il est rendu 1 heure du matin, on va se coucher car on ne peut rien faire là. Je ne me sens pas capable de gérer cette situation immédiatement. Pauvre Julie, elle n’a pas dormi de la nuit, je n’ai jamais vu une fille se sentir mal de même. C’est vraiment un automatisme de faire ce geste à la maison, ce qui ne pardonne pas sur un bateau…. Cela aurait pu arriver à n’importe qui. Respect pour Julie par contre car elle a assumé son erreur et c’est elle qui a défait le macérateur de la toilette afin de sortir son tamp** le lendemain.

La seule preuve que j’ai, vous remarquerez le sac poubelle et les gants bleus de chirurgien

Après coup on en a pleuré de rire, car à l’étonnement de tous et surtout du Capitaine qui l’a appris plus tard, tout fonctionnait après l’opération tamp**.

Pour le reste de la semaine, on a profité des superbes plages d’Emerald Bay, on s’est payés quelques bons restos et on a regardé le Super Bowl au bar du Grand Isle Resort en essayant d’apercevoir mon père et son meilleur ami dans l’assistance. GO Chiefs GO!

Julie a du quitter le Paradis et Marc-André a du revenir de Miami le 5 février, car nous avons d’autres matelots qui viennent nous rendre visite à partir du 7 jusqu’au 28 février.

Nous avons pendant le mois de février, essentiellement fait la chaîne des Exumas entre Warderick Wells et Black Point à partir de Staniel Cay afin de profiter au maximum de ce qui à notre avis, est le plus beau de cette région.

Nous avons pu partager ces merveilleux paysages et aussi notre passion de la voile avec nos proches. Nous avons vécu des moments privilégiés avec chacun et fait de la belle voile dans les eaux turquoises des Bahamas. Ces deux derniers mois ont été une parenthèse dans le temps sous le signe de l’amour et de l’amitié.

Merci à nos matelots, Cath, Dave, Simon, Julie, Marie-Claude, Deny, Jean-François, Isabelle, Maélie et Nathan pour ces moments extraordinaires passés ensemble. Vous revenez quand vous voulez, on vous aime xxx.

Nous avons aussi pu rencontrer des équipages très sympathiques de toutes les nationalités pendant toute cette période, que ça soit au bar du Scorpio’s à Black Point, à la buanderie locale ou sur la plage. C’est tellement enrichissant de pouvoir échanger de la vie quotidienne à bord autant que de politique avec des personnes d’horizon différents. Une mention spéciale aux équipages du Québec qui sont si nombreux que nous ne pourrions les nommer, qui nous ont accueilli comme si nous étions des amis de longue date, ce qui fait du bien quand tu es parti de chez toi depuis longtemps. En espérant vous revoir quelque part dans le monde!

Et finalement, pour couronner le tout, nous avons eu le bonheur de fêter notre vingtième anniversaire d’amour ensemble le 4 mars dernier.

20 ans d’amour! Cheers!

Par contre, les Exumas n’étaient qu’une pause dans notre aventure qui doit nous amener à Grenade pour l’été 2020. En effet, nous partons demain matin à destination de la République Dominicaine, ce qui représente plus de 400 miles nautiques de navigation ((environ 80 heures de navigation en mer en plus ou moins 2 semaines, sur fonds de Coronavirus, alors nous ne savons pas si une quarantaine nous attendra là-bas ou à Puerto Rico. Certainement d’autres aventures à venir dans les prochaines semaines….. Suspense.

Crédits photos Jean-François Rayle, Simon Patenaude et Deny Lavoie

Objectif Nassau pour Noël Part 2

« Une mer calme n’a jamais fait un bon marin »

Popeye Le Vrai Marin

11 décembre 2019, il est 2 heures du matin . Après une courte nuit de sommeil, nous levons l’ancre de Lake Sylvia afin de faire lever notre dernier pont avant le « inlet » de Port Everglades à Fort Lauderdale afin de traverser à Bimini. Nous avons calculé qu’on serait à Bimini un peu après l’heure du dîner. Aux Bahamas, tu dois toujours entrer dans un port inconnu avec une mer calme et idéalement avec le soleil derrière toi afin de bien voir le fond de l’eau et de ne pas t’échouer sur les coraux ou un banc de sable.

Évidemment, il est 2 heures du matin, il fait donc très noir. C’est supposé être la pleine lune ou presque, mais comme un rappel de notre première traversée dans l’Atlantique Nord (Sandy Hook à Cape May), elle se cache derrière les nuages qui sont nombreux. Heureusement, Fort Lauderdale est illuminée comme un casino, ce qui est assez impressionnant la nuit, quand tu te faufiles seul sur l’eau dans la ICW et qu’il fait « pitch black » comme dit le Capitaine.

C’est d’autant plus impressionnant que derrière le dernier pont que tu fais lever, c’est la mer. Et le noir. Dès que l’on traverse le pont, on voit des gros bateaux de croisière et des cargos de marchandise dans le port, ce qui sera notre dernière image de Fort Lauderdale. Nous devons faire une courbe vers babord et on peut déjà distinguer le « inlet ». Tout ce qu’on voit rendus la ce sont les bouées éclairées balisant le chenal et les vagues déferlant dans le « inlet ». OK, on le savait. Pas de stress car les « inlet » (point d’entrée ou de sortie vers la mer) font comme un principe d’entonnoir alors la mer est toujours plus agitée à ces endroits. De toute façon, on a pris nos médicaments contre le mal de mer, on est blindés. La sortie du « inlet » est plutôt sportive, un bon 4-5 pieds de vague courte un peu de côté. Le Capitaine me dit tout de suite que c’est normal et que ça va se calmer puisque nous sommes dans le « inlet ». Marin d’expérience que je suis maintenant, je lui réponds que je le sais et que tout va bien.

Après plusieurs minutes, on sort du « inlet » de Port Everglades. Hé boy, la mer est vraiment bien formée mais ça va. Il annonçait 3-4 pieds de vague, maintenant on multiplie les prévisions par 2 et voilà on est tombée pile. Les petites vagues ont 5 pieds, il y en aussi des belles à 7 pieds. On sait de toute façon que la traversée sera divisée par 3. Le premier tiers sera très déplaisant, le deuxième tiers sera déplaisant et le troisième tiers sera correct! Youpi ça va être malllaaddeee. Nous sommes donc dans le noir dans le premier tiers déplaisant. Le seul être vivant à bord qui n’avait pas acquiescé à ce plan de match parce qu’elle ne parle pas encore, ben c’est Fluffy.

Fluffy est agitée, elle n’aime pas du tout sa traversée à date. Elle se promène beaucoup, tourne en rond sur le banc dans le cockpit (tous ses besoins sont faits alors ce n’est pas le problème) où elle est assise avec moi et regarde la mer fixement. Elle est inconfortable. Je lui parle, je la flatte, j’essaie qu’elle reste tranquille afin que cela ne déconcentre pas le Capitaine qui barre très sérieusement dans les vagues. Tout à coup, un appel sur la radio VHF pour le Air Cool. Après plusieurs tentatives de communication infructueuses (on dirait que tous les gens qui parlent dans la radio VHF parlent le plus vite possible avec une patate dans la bouche, évidemment en anglais en plus), le Capitaine me regarde pour voir si je comprends quelque chose. Je n’ai rien compris non plus et je tente de gérer Fluffy qui ne reste pas en place donc je suis moins attentive qu’à l’habitude. Il doit être environ 4 heures du matin et il fait encore très noir. Moment un peu stressant pour l’équipage car tu vois des lumières d’un autre bateau au loin et dans le noir, les distances sont difficiles à estimer, en plus la mer est agitée, il faut arriver à comprendre ce que veut nous dire l’autre bateau.

On finit par comprendre que c’est un remorqueur qui tire une barge de 1100 pieds. Le gars du remorqueur demande à Marc-André s’il préfère passer devant ou derrière. Sécuritairement, le Capitaine répond derrière. Ce qui veut dire que nous devons nous dérouter un peu au sud afin de ne pas entrer en collision avec le remorqueur qui tire la barge. Aller vers le sud veut aussi dire de prendre la vague de côté dans ce cas-ci, ce qui est particulièrement inconfortable. Et vu que les distances sont difficiles à évaluer, ça prend beaucoup de temps avec les vagues de côtés afin de passer le remorqueur et la barge et de reprendre notre cap.

Pour ma part, je n’ai jamais pu voir le remorqueur et la barge. Après quelques minutes de vagues de côté, je sens que Fluffy a vraiment chaud. Elle est couchée à mes pieds et elle me souffle son haleine très chaude sur les pieds. Je ne la vois pas car il fait très noir. Pauvre chien. Dans 2 heures, il va commencer à faire clair. J’ai hâte. Je suis un peu mélangée par les pilules contre le mal de mer et aussi le fait qu’on est en pleine nuit dans une mer agitée. Je change un peu de position sur le banc du cockpit. Ho, c’est bizarre, on dirait que c’est un peu mouillé sur le coussin??…

Et là, la lumière fut. C’était pas l’haleine chaude de Fluffy, elle m’a VOMI sur les pieds, et aussi sur tout le coussin du cockpit. F**k. Je le dis au Capitaine qui n’en croit pas ses oreilles et qui barre toujours très sportivement dans les vagues pour diminuer au maximum l’impact des vagues de côté. Il ne voit absolument rien et moi non plus mais je lui confirme la catastrophe. Je vais chercher à l’intérieur du bateau de quoi nettoyer sommairement le méga dégât de Fluffy. Ça brasse vraiment beaucoup et je ne trouve pas les foutus essuie-tout. Je finis par les localiser et je m’essuie les pieds. Ensuite je dois chercher la pilule contre le mal de mer de Fluffy qui par miracle n’était pas trop loin. Je dois me tenir afin de ne pas tomber. Je m’assois dans les marches du cockpit pour tout rassembler et remonter dans le cockpit. Je nettoie. C’est dégueu. Je redescend ensuite chercher la première chose qui me tombe sous la main, soit un vieux tortilla sec pour emballer la pilule de Fluffy afin qu’elle l’avale. Elle ne veut rien savoir, elle mâche un peu et recrache un bout du tortilla et sa pilule. Ça brasse. Je reprends les bouts de tortilla mous afin de remettre dedans les bouts de pilules que Fluffy a recraché une fois qu’on les a localisé par terre avec une lampe de poche. Dégueu. Dégueu. Dégueu. Après quelques tentatives, Fluffy finit par les avaler.

Elle semble aller mieux. Mais là j’ai chaud à l’arrière du cou, ça a tellement brassé à l’intérieur que j’ai un mal de cœur intense. J’ai aussi quand même ramassé du vomi de chien dans le noir, Rien pour aider un marin. Je dis au Capitaine que je ne me sens pas bien, il me donne une chaudière et c’est à mon tour…. Tout de suite après je m’endors avec Fluffy sur le fameux banc.

Ça doit faire un peu plus de 2 heures qu’on est partis. Il reste encore plusieurs heures à la traversée. Le Capitaine est un peu découragé de son équipage. Je me réveille avec le lever du soleil. Le bateau est un bordel complet. Marc-André a fait des micro-siestes à la barre avec toutes les alarmes du radar en fonction. Nous sommes dans le Gulf Stream. Le courant et les vagues nous ralentissent à 3,5 noeuds. On avait calculé le pire des scénarios à 5 noeuds. On se dit qu’on va se reprendre après le Gulf Stream parce qu’on n’est pas en avance sur l’horaire, loin de là. On s’alterne à la barre. Vers 11 heures, je suis inquiète et pas super en forme. On est maintenant très en retard sur l’horaire et il nous est impossible d’arriver de noirceur à Bimini. Le Capitaine est encore confiant d’y arriver mais on y sera en fin de journée.

Soudainement, on navigue plus vite, les vagues s’estompent et le Gulf Stream est derrière nous. Notre heure d’arrivée estimée est maintenant vers 16h. Il fait beau, la mer est d’un bleu cobalt (Merci à Nathalie de Bel Motivo pour la couleur). On ne voit pas de terre à l’horizon, c’est la mer à perte de vue avec seulement des poissons volants pour nous tenir compagnie en cours de route.

Vers 15h00, TERRE EN VUE! C’est l’île de Bimini. On peut enfin distinguer au loin les différentes nuances de turquoise de l’eau près du rivage. ENFIN LES BAHAMAS!!! On voit la couleur de l’eau changer sous le bateau au fur et à mesure passant du bleu cobalt, au vert émeraude jusqu’au turquoise cristallin. J’ai les larmes aux yeux (et aussi super hâte de prendre une douche).

Le Capitaine négocie l’entrée pas super évidente du port comme un chef, comme à l’habitude et on s’accoste au Big Game Club marina. On hisse le drapeau jaune de quarantaine que l’on doit afficher avant de passer les douanes. On a de la misère à réaliser que c’est vrai mais comme on est en fin de journée et que les douanes vont fermer, le Capitaine doit se dépêcher à y aller car celui-ci est la seule personne autorisée à descendre du bateau tant que le processus des douanes n’est pas complété. Le processus est assez rapide, pas de problème avec les papiers de Princesse Fluffy, pas d’inspection du bateau. La vie est belle.

WOW, on voit le fond de l’eau à 10-12 pieds en dessous du bateau tellement l’eau est claire. On peut voir des raies, des requins nourrices, plein de poissons et aussi des bull sharks. C’est pour nous mission accomplie, nous sommes aux Bahamas dans les temps et avec un équipage en forme et un bateau intact. On passe la semaine a Bimini car pour le trajet vers Nassau, on doit dormir sur le banc (c’est à dire en plein milieu du Great Bahama Bank), ensuite faire un arrêt dans les iles Berry’s et faire le trajet vers Nassau. Il y a beaucoup de vent (vent=vagues) et nous voulons avoir une nuit correcte sur le banc et des conditions favorables alors on attend.

Nous mangeons finalement notre première salade de conch (genre de ceviche avec le mollusque qui vit dans le gros coquillage que l’on voit partout dans le sud) et qui est excellente.

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Conch salad

Par contre, ici tout ou presque est frit, alors on limite les restos et on profite du bateau et du paradis que sont les Bahamas. On fait de l’eau pour la première fois avec notre dessalinisateur portatif Rainman, Marc-André pêche, on va à la plage, bref on relaxe pour la première fois.

Le 17 décembre, les conditions sont favorables pour une nuit sur le banc. On part donc au lever du soleil en compagnie du Voilier Mustique. Par contre, il va plus vite que nous alors on se dit au revoir, on se reverra à Nassau. Super belle navigation, un peu de vague. C’est la première fois que l’on voit le fond en naviguant, toutes voiles sorties, c’est magique. L’eau est turquoise à perte de vue.

Je fais une guacamole en collation d’après-midi, pas de doute nous sommes en vacances. Nous mettons l’ancre sur le banc, celui-ci est un peu agité mais les millions d’étoiles dans le ciel en font un moment inoubliable. L’équipage se couche tôt, on est brûlés et nous avons une grosse journée de navigation en vue pour demain afin de se rendre dans les Berry’s car de forts vents sont prévus et nous devrons nous y abriter un jour ou deux.

Encore une belle journée de navigation, le vent se lève et nous sortons les voiles. Nous avons un bon 15-20 noeuds de vent soutenu alors ça avance bien. Nous avons analysé la météo hier du bateau (merci téléphone satellite) et nous décidons d’aller nous ancrer à Bird Cay qui est relativement protégé du nord et de l’est, d’ou le coup de vent va venir. Plus la journée avance, plus la mer est formée. Nous avons une pensée fugace de se rendre à Nassau directement mais c’est quand même 6 heures de plus de navigation et on n’est pas prêts mentalement. On s’ancre dans Bird Cay pour ce que l’on croyait être une journée ou deux. Avoir su….

La nuit est mouvementée à l’ancre, car dans les Berry’s tu n’es pas très protégé. Les îles ne sont pas grosses et tu es entouré par la mer. On ne peut même pas penser descendre le dinghy pour faire faire les besoins de Fluffy sur terre tellement il ne fait pas beau. Fluffy devra se réconcilier avec son tapis gazon pour aujourd’hui. Marc-André fait le update météo et il a la mine basse. On dirait que le coup de vent est plus qu’un coup de vent. Aussi loin qu’il regarde (5 jours), il annonce des vents de 30-40 noeuds et faisant le tour du quadrant (nord-est-sud-ouest et ça recommence). Ouf on va y goûter…. Je suis de mauvaise humeur car nous n’avions pas planifié passer plusieurs jours ici. On ne peut rien y faire, on ne peut pas descendre le dinghy et c’est tellement hostile dehors que l’on ne peut rester dans le cockpit.

1 journée passe, 2 journées, 3 journées…

C’est comme ça tout le long de notre séjour dans les Berry’s

On n’avait pas prévu le coup alors on passe le temps comme on peut. Notre forfait internet est à renouveler au 24 heures (merci Netflix). Après 3 jours, on n’en peut plus d’entendre le vent siffler et Marc-André est rendu aux écouteurs (on ne trouve pas les bouchons d’oreilles) pour faire des pauses de bruit de vent qui siffle. On commence à ne pas la trouver drôle car on avait rendez-vous le 24 décembre avec nos amis Pierre et Louise de Point Final! pour le réveillon de Noël et la météo ne semble pas coopérer.

Aussi, notre visite arrive le 28 décembre. Nous qui pensions finalement être en avance sur l’horaire, nous avons clairement sous-estimé les défis des navigations qui nous restaient à faire pour se rendre à Nassau. Pourtant, on a pris toutes les fenêtres météo possibles. Le 20 décembre, on fait le petit sapin de Noël et on écoute des chansons de Noël, question de se mettre un peu dans l’ambiance.

Marc-André regarde la météo presque 24 heures sur 24. Une fenêtre météo se dessine pour le 22 décembre mais la traversée s’annonce sportive encore une fois (3-4 pieds de vague courte). Ça fait 4 jours que nous sommes dans les Berry’s, aucune fenêtre météo ne se dessine à l’horizon d’ici Noël alors il est plus que temps de s’en aller. Aussi, le vent va virer au Sud et à l’Ouest, dont nous ne sommes absolument pas protégé.

Nous levons donc l’ancre au lever du soleil le 22 décembre, température maussade et nuages noirs sont au rendez-vous. Il vente encore un bon 15-20 noeuds soutenus. La vague vient de l’est et ça brasse un peu dès le départ. Évidemment, les humains à deux et quatre pattes ont pris leurs médicaments contre le mal de mer avant de partir, on ne prend plus de chance. Nous naviguons lentement, les plus petites vagues sont environ de 7 pieds et le plus souvent sont d’environ 9 pieds aux 5-6 secondes (ça veut dire 1 grosse vague toute les 5-6 secondes) donc ça nous ralenti beaucoup. Lorsqu’on est dans le bas de la vague, le Capitaine ne voit que de l’eau devant le bateau, tellement la vague est grosse et courte. On ne voit plus le ciel lorsque nous sommes dans la vague…

Après environ 1 heure à ce régime, on voit encore très distinctement notre ancrage dans les Berry’s. Un orage éclate. Il pleut fort et les vents forcissent. Je demande au Capitaine s’il trouve que ça brasse un peu trop. Pour ma part, la réponse est oui, je ne me sens pas en sécurité. On décide donc de faire demi-tour. Nous avons assez de jugement pour reconnaître que tout bateau et tout équipage a ses limites et de retourner dans notre ancrage. Ouin…, on doit maintenant se rendre à l’évidence, on va vraiment passer le premier Noël de cette aventure seuls dans les Berry’s, loin de notre famille et nos amis.

Deux jours passent et c’est la veille de Noël. On essaie de se sentir dans l’ambiance mais c’est difficile. Ma famille se réunit pour le réveillon, on les Facetime ainsi que la famille de Marc-André. La connexion n’est pas bonne, j’ai un peu le motton et on s’ennuie de toute la gang. Le Capitaine fait ce qu’il peut pour me remonter le moral. On ouvre une bonne bouteille et il me concocte une création gastronomique pour le souper de Noël (hahahahahahahahahahaha) avec ce que nous avons sous la main. C’est à dire: poitrine de poulet, sauce bbq St-Hubert en poudre, patates en poudre, carottes et un restant de pain sec de hamburger. Un point pour l’effort.

De toute façon, demain matin à la première heure on part pour Nassau. Nous y serons donc en même temps que le Père Noël, le 25 décembre. Nous faisons une super traversée, il fait beau, on fait de la belle voile, la mer est agréable. Quel beau cadeau de Noël. Nous arrivons en vue du port de Nassau après une traversée de six heures. La mer est très agitée près de Nassau et l’entrée du port est difficile à trouver. Un méga yacht nous dépasse et nous montre le chemin. Nous apercevons les gros bateaux de croisière qui sont au port, très impressionnant.

Nous arrivons finalement à la marina du Nassau Yacht Haven afin de s’amarrer à côté de nos amis de Point Final! Ils nous accueillent et nous aident à nous amarrer au quai car le marina n’a pas de personnel pour nous aider aujourd’hui. Heureusement qu’ils y étaient.

Ce sont des retrouvailles après plus de deux mois, nous qui pensions nous revoir à Norfolk début octobre. Nous soupons sur le bateau de Pierre et Louise, débouchons le champagne et on fête!

Dans 3 jours notre visite arrive et ce sera aussi le début de nos vraies vacances dans les Exumas.

Traversée vers Nassau-Jour de Noël 2019

Objectif Nassau pour Noël, Part 1

27 novembre. Débutons par faire une analogie avec le hockey, à partir de maintenant, il faut « se présenter su’a glace à chaque game » si on veut arriver à notre objectif d’être à Nassau pour Noël. Question que notre visite du 28 décembre ne soit pas obligée de changer son vol de Nassau à Fort Lauderdale…. Ce qui veut dire que chaque jour qui sera navigable, on devra naviguer même si cela n’est pas totalement idéal.

On part de Fernandina Beach (c’est pas super inspirant et il y a une de ces odeur quand on se lève vu les usines à proximité…) tôt le matin afin de se rendre à St. Augustine (mile statutaire 777.8), n’oublions pas qu’il faut se rendre au mile statutaire 1063 qui correspond à Fort Lauderdale. Nous avons environ 55 miles nautiques à faire aujourd’hui. C’est de plus en plus beau et devinez quoi, il fait plus chaud. Enfin. On peut enlever nos bas de laine et nos manteau. Ils sont presque devenus une deuxième peau. On a comme peur de s’en séparer, on dirait que c’est irréel et que le froid, l’humidité et l’eau verte/brune seront de retour. Mais non, l’effet du Gulf Stream se fait sentir. On arrive à St.Augustine, nous avons réservé (Merci à Catamaran Ti’Ama) une boule d’ancrage de la Ville afin de s’y promener et d’y souper. En arrivant, quel choc. La beauté de cette Ville, qui est aussi la plus vieille des États-Unis, a une architecture incroyable datant de l’époque coloniale. Le passé espagnol de St.Augustine est très bien préservé et cette Ville vaut clairement d’y passer quelques jours si le temps vous le permet. En plus, les lumières de Noël sont illuminées et c’est spectaculaire. Les gens se promènent en calèche et chantent des cantiques de Noël (ha oui c’est vrai Noël c’est bientôt…). Hé boy, c’est presque trop pour l’équipage du Air Cool qui n’est plus habitué à tant d’action. Mais on est tellement contents!

Nous allons souper dans un petit resto sur une artère touristique. Notre seul critère est qu’il y ait de la bière froide et une terrasse car Fluffy nous accompagne. On tombe sur un resto pub irlandais?/anglais?/espagnol? En tout cas, mettons que la ligne directrice n’était pas claire mais ça répondait à tous nos critères. En plus ils servent des frites avec de la sauce brune et du fromage qui fond… Ça vous dit quelque chose? On n’y croit pas, on est sur la terrasse d’un restaurant, il fait chaud, on est habillé en été et en plus on mange une réinterprétation de la poutine. WOW!!

Le lendemain, départ tôt pour Daytona Beach(mile statutaire 830), nous devons faire environ 50 miles nautiques aujourd’hui. Nous arrivons vers 16h à notre ancrage de Daytona Beach. C’est Thanksgiving aujourd’hui alors c’est congé pour tout le monde. Un liveaboard (quelqu’un qui vit dans son bateau, en Floride il y en a) vient près de notre bateau. Il se cherchait un party mais on n’est pas le bon public car on part tôt demain. Autre élément notable à mentionner, lorsque Marc-André va aux toilettes cette nuit-là, il me réveille tout énervé pour que je vienne voir ce qu’il y avait dedans. Moi, clairement méfiante en plus d’être endormie (comment ça peut être une bonne nouvelle de se faire réveiller en pleine nuit pour ça…surtout avec le passé récent du bateau à Sandy Hook?), je me lève à contrecoeur pour constater qu’il y a de la bioluminescence dans la toilette!!! Petite précision technique, la toilette prend l’eau dehors pour aller dans la cuvette pour ensuite aller vers le réservoir septique. J’étais triste pour la bioluminescence qui a fini comme ça. Pis en plus je l’ai dit à voix haute. Parfois, le Capitaine doit se dire que le voyage sera bien long…

29 novembre, direction Cocoa Beach (mile statutaire 897), encore environ 60 miles nautiques à faire. Nous mettons l’ancre, soupons et dormons, brûlés.

30 novembre, on a réservé un quai à la marina municipale de Vero Beach (mile statutaire 951) pour 1 semaine afin de préparer le bateau et notre approvisionnement pour les Bahamas!!!! Yesss ça roule. Au chaud ça va toujours mieux. Vero Beach, aussi appelé Velcro Beach pour les navigateurs, est reconnue pour son hospitalité, ses plages et les commodités pour l’approvisionnement et la préparation à la traversée. Certains navigateurs y restent et ne traversent jamais aux Bahamas. Aussi, cette marina est relativement abordable (environ 400$ US/semaine) versus si nous descendons plus au sud, ou le tout peut avoisiner les 3,50$-4$ du pied/jour, souvent pour un minimum de 40 pieds.

On arrive à quai (super difficile avec le courant et un ponton qui nous coupe le chemin, bravo Capitaine) et on va dîner dans un resto en bord de plage (ma demande spéciale). Nous voyons notre première plage de sable blanc de près.

Première semaine de décembre. On fait des courses dans genre 1000 magasins pour combler la liste de ce qui nous manque pour les Bahamas. Tout y coûte plus cher (si tu le trouves) car cela arrive par bateau alors on essaie d’acheter tout ce que l’on peut aux USA. La Floride est tout de même la reine des centres d’achats alors… on en profite. Équipement de pêche, plongée, bateau, photographie, téléphone satellite et autres achats reportés depuis notre départ en septembre dernier.

On va aussi voir notre famille. Jacynthe et Michel, la tante et l’oncle de M-A, ont une maison à Boynton Beach et nous avons le plaisir de passer quelques jours avec eux. On a un échéancier serré (ils sont à la retraite mais ils ont un agenda de premier ministre ;-), car ils partent en croisière le 7 décembre et on peut juste arriver le 5. On passe du bon temps avec eux et aussi avec les très sympathiques Danye et René, dont on a la surprise qu’ils lisent notre blog, et Hollie et Jim, avec qui Jacynthe et Michel partent en croisière. Comme Jim et Hollie sont américains et qu’ils ne parlent pas français, on pratique notre anglais qui est tellement plus fluide après quelques verres de rouge, surtout pour Michel…

Ensuite, de retour sur le Air Cool, nous devons ranger nos épiceries de sec et de frais. Pour le sec, nous sommes allés au Wal-Mart (par 2 fois) et pour le frais à au Publix à Vero Beach en fin de journée le 7 décembre après le vétérinaire de Fluffy à Boynton Beach.

Ouin… C’est compliqué (mais faisable) apporter son chien avec soi dans un autre pays. Pour les Bahamas, elle doit avoir tous les vaccins exigés en plus d’être immunisé contre la rage. Nous avions fait traduire toutes les preuves des vaccins du Québec en anglais, que j’ai envoyé à l’avance chez le véto américain (que nous devons voir 48h avant de traverser au Bahamas). Lorsque nous arrivons chez le véto, ils sont super professionnels mais il me manque un document exigé par les Bahamas, que j’avais mentionné dans mon courriel au véto américain. Ils nous le signent mais ensuite, je remarque que les dates de vaccination sur le certificat international ne correspondent pas (les dates et mois sont inversés) vu le système québécois et américain de date qui sont différents. Morale de l’histoire pour les navigateurs, informez-vous super bien et re-vérifiez tout. C’est quand même une étape stressante, en plus du reste de la préparation et de la traversée à venir. Faites-vous des listes à l’avance par ordre de priorité et cochez au fur et à mesure. Ça aide à garder une certaine santé mentale.

Pour en revenir l’approvisionnement du bateau, il y a quelque chose d’un peu particulier à faire avant de mettre les denrées de sec dans le bateau (cannage et autres..). Ouin… faut idéalement que tu laves tes cannes et que tu décolles les étiquettes et aussi que tu enlèves le plus de carton possible du bateau. Vous devinez pourquoi? Ben… les coquerelles aiment bien la colle des cannages et des emballages et y pondent leurs oeufs dans les entrepôts. Fak dans quelques semaines, alors que tu vivras la vie rêvée bien méritée aux Bahamas, sous le soleil avec la plage et les palmiers, il se peut que tu aies la charmante surprise d’une belle invasion d’amies indésirables dans ton bateau. Nous avons eu une expérience récente sur un de nos lieux de travail, qui me restera dans la tête pour toujours (et à plusieurs d’entre vous, mais tout particulièrement dans celle de mon amie Marie-Claude) avec ce genre d’amies indésirables et je peux vous dire que nous avons fait la maximum pour limiter les risques sur le Air Cool. J’ai aussi acheté des pièges à coque…, à mettre sur votre liste d’achats amis navigateurs, parce que vaut mieux être prêts.

Après la mission Coque…, il faut que tu stockes tout ça dans ton bateau. Avec un peu d’imagination, tu en rentres des affaires dans un bateau de 35 pieds!

Une fois l’approvisionnement complété et le chien qui a ses documents officiels… Ça devient bel et bien réel, on attend maintenant notre fenêtre météo pour traverser aux Bahamas! Wow, après tout cela, il semble qu’on va y arriver.

Du dimanche le 8 au mardi 10 décembre, on descend la ICW jusqu’à Fort Lauderdale ou on prendra le « Inlet » de Port Everglades (le même que les gros bateaux de croisière) afin de traverser aux Bahamas. Plus on descend vers Fort Lauderdale, plus les maisons (et les bateaux) sont impressionnants. Pas de doute nous sommes bel et bien en Floride. Le moral est au plus haut, l’équipage est content et a hâte d’être aux Bahamas.

La dernière journée, pour le trajet de Boca Raton à Lake Sylvia ou nous allons attendre notre fenêtre météo, on a environ une vingtaine de ponts à faire lever avec des horaires. Il faut toujours s’arranger pour se « timer » avec les ponts sinon tu es pris à attendre devant afin que l’opérateur le lève à l’heure prévue et il y a beaucoup de courant et de trafic, en plus que la ICW n’est pas large. Alors sois tu ralentis entre les ponts, ce qui allonge encore ta journée, ou bien comme dirait le Capitaine, tu « tords » la poignée. On aime de moins en moins pousser le moteur à bout car les dernières semaines, disons qu’on ne l’a pas lâché… Aujourd’hui encore il semble qu’on n’a pas le choix. Mais la chance nous a souri!

Ben oui, après le premier pont, on voit derrière nous deux petits bateaux de Sea Tow qui remorquent un gros bateau moteur. Le gars de Sea Tow nous appelle à la radio et nous dit que si nous le suivons, il fera lever tous les ponts à demande, vu qu’il n’est pas manœuvrable.

Alors nous avons eu une belle journée assez relax à le suivre, il a fait lever tous les ponts et nous n’avions pas à nous préoccuper de l’horaire. Nous sommes arrivés à notre ancrage de Lake Sylvia en avance sur notre horaire, ou nous avons pu préparer le bateau et se préparer mentalement à notre traversée de cette nuit car on doit partir vers 2 heures du matin pour les iles Bimini, notre port d’entrée aux Bahamas.

Nous avons un peu plus de 50 miles nautiques à faire pour se rendre à Alice Town à Bimini, mais la fenêtre météo est courte et s’annonce plus ou moins confortable. Il y aura des vents du Sud-est (ne jamais traverser le Gulfstream avec un vent du nord) d’environ 10-15 noeuds et il annonce 2-3 pieds de vague. On sera chanceux si on ouvre les voiles mais on ne voit pas d’autres fenêtres météo qui s’annoncent pour la semaine à venir et on préfère traverser maintenant alors que c’est navigable que qu’attendre une fenêtre météo idéale. De plus, c’est la première fois qu’on ne verra plus de terre dans cette traversée alors pour ma part, ça me stresse un peu. Le Capitaine pour sa part est bien relax.

Mais il ne se doutait pas des aventures qui attendaient l’équipage dans cette navigation… La suite dans la Part 2.

Lever de soleil après une nuit agitée dans l’Atlantique Nord

Sunshine State!!

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« Envoye dans l’lit, maudite chanceuse ! »

Léo Lespérance (Rémy Girard) qui lance cette phrase à son épouse, Ginette (Pauline Lapointe) dans le film La Florida

Aucun contexte avec le texte qui suit à part qu’on est des genre de snowbirds mais cette phrase me fait trop rire et je devais trouver une façon de la ploguer quelque part. Vu que notre objectif est la Floride… ben c’est ça. Voilà c’est fait, on peut passer aux choses sérieuses.

Lundi 18 novembre. Encore une journée pluvieuse et froide sur la Pungo River. Le vent s’est un peu calmé. On se lève avant le lever du soleil, ce qui sera pas mal notre quotidien pour les jours à venir. Avec un réveille-matin. Je vous ai déjà parlé de mon amour des réveille-matin… Mais là ce n’est pas pareil, nous sommes en mission.

En mission Floride le plus vite possible. Sauvons-nous du froid, du nord, de l’humidité et de l’eau verte/noire. Nous avons élaboré un planning serré. Aujourd’hui, direction Moorehead City ce qui représente environ 65 miles nautiques (toute la journée de clarté). Ce soir après les 10 heures de navigation, nous irons faire l’épicerie pour 2 semaines, ce qui est le temps que nous estimons pour arriver à West Palm Beach ou Fort Lauderdale, sans s’arrêter.

Ensuite, je devrai faire le lavage et Marc-André devra s’occuper de diverses tâches sur le bateau, dont mettre du diesel et de l’eau. On doit être reparti à 11h le lendemain pour respecter notre plan de match. On l’a écrit pour cocher les journées au fur et à mesure, ça aide à visualiser et garder le cap.

Alors on lève l’ancre et on est juste contents de partir de Pungo River. C’est une navigation monotone, on ne voit pas le soleil. Fluffy a l’air de se demander pourquoi on a décidé de tenter cette aventure. Après tout, on lui a promis de la chaleur. Pauvre chien. De plus, on croise plusieurs bateaux échoués, vestige d’un ouragan, ce qui ne remonte pas tellement le moral.

Mais bon, on arrive à Moorehead City, on s’amarre à un quai. Non pas un quai, un genre de demi quai avec un gros pilier en bois devant, sur lequel il faut que tu attaches le devant de ton bateau. J’ai oublié de le prendre en photo (ou je n’ai pas eu le temps ou l’énergie) mais voici ce que ça a l’air:

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WTF

Qui a pensé à ce système-la? Je suis certaine qu’il y a une raison mais bon…. encore aujourd’hui on se demande comment j’ai pu attacher l’amarre sur le poteau sans qu’on accroche le bateau très gros et très cher que nous avions comme voisin. Il faut dire que le Capitaine est venu à la rescousse rapidement.

On maintient le cap sur notre plan de match, donc malgré la grosse journée de navigation, on prend l’auto de courtoisie de la marina pour aller souper et ensuite faire l’épicerie. On est tellement brûlés en revenant au bateau que nous rangeons juste les produits frais dans le frigo et le congélateur portative Dometic. Le reste attendra au lendemain.

Le lendemain, le cadran sonne à 6h30 pour aller faire…. du lavage…. Merveilleux début de journée qui s’annonce encore très grise. À la buanderie de la marina, on croise deux québécois qui ont fait une traversée dans l’Atlantique Nord et qui en ont eu pour leur argent. Vagues de 10 mètres, leur électricité et instruments ont été hors service (pendant la traversée au plus mauvais du temps), voile déchirée, etc… Finalement, notre histoire de radar c’était rien du tout comparé à ça. En plus, leur projet est de se rendre au Costa Rica pour Noël (!!!) Projet beaucoup plus ambitieux que le nôtre. Bref, j’expédie le lavage, Marc-André fait ses tâches et on quitte vers 10h30 à destination d’un ancrage dans un bassin à proximité d’une base militaire (Camp Lejeune). Des dauphins accompagnent de temps à autre notre route.

Le lendemain, après une nuit sans histoire (on le regrette presque car nous avons lu que parfois des plongeurs de l’armée sont venus s’exercer à côté des bateaux et aussi qu’il y a exercices avec des hélicoptères), on repart au lever du soleil. Une magnifique journée s’annonce et nous voyons enfin le soleil. On pensait qu’il était disparu du ciel. Nous avons aussi le plaisir de voir plusieurs dauphins s’amuser pendant que le soleil se lève sur un ciel rose, ce qui en fait un spectacle tellement spectaculaire qu’on en oublie de prendre des photos.

Fluffy n’avait pas fait ses besoins le matin avant de partir, elle non plus n’est pas trop fonctionnelle lorsqu’il faut se lever dans la noirceur et le froid… Alors plus tard en matinée, elle nous regarde avec des grands yeux, signe qu’il fallait qu’elle y aille. En navigation et lorsque nous ne pouvons débarquer, nous lui avons appris à faire ses besoins sur un tapis gazon situé sur le devant du bateau (voir photo précédente). Elle n’aime pas particulièrement ça mais ça fonctionne bien avec le Capitaine. Avec moi, parfois elle s’assoit sur le tapis gazon et me fait sa face de caniche à tête de cochon, ce qui veut dire qu’elle ne le fera pas, donc le résultat est variable selon l’humeur de Fluffy. Le Capitaine ralentit et j’amène Fluffy en avant. Tout se passe bien, elle se prépare à faire pipi et tout à coup je vois une nageoire au loin. Un dauphin nous a vu et s’approche du bateau. Il sort de l’eau en expirant… de l’eau et juste à côté de Fluffy qui ne s’était rendue compte de rien jusqu’à date. Je n’ai jamais vu un chien faire un saut pareil, j’en braille encore de rire.

Sinon la journée se déroule sans rien de spécial sauf qu’il y a du trafic sur la ICW, on respecte le plan de match d’environ 60 miles nautiques et nous allons nous ancrer dans Tina’s Pocket, tout près de l’océan, d’où nous pouvons admirer un beau coucher de soleil.

21 novembre, encore la même chose, on se lève avant le soleil, on prépare le bateau et on lève l’ancre pour une autre journée d’environ 60 miles nautiques jusqu’à un ancrage situé dans la Waccamaw River. Bonne nouvelle, aujourd’hui on sera en Caroline du Sud. On progresse tel que le plan de match. Il fait beau, journée de navigation ou il n’y a rien de particulier à signaler. Le soir on met l’ancre dans une baie de la magnifique Waccamaw River. On dirait un mélange de la forêt du Québec avec de la mousse dans les arbres, il y a même des couleurs. La diversité des paysages dans la ICW nous surprend de jour en jour. Quelque fois tu navigues en voyant la mer tout près et quelques heures après tu es dans les bayous ou une réplique de la forêt québécoise.

22 novembre, je me réveille un peu brûlée et le Capitaine m’offre de retourner me coucher. Je fais donc la grasse matinée jusqu’à 8h30 après avoir levé l’ancre. Encore une navigation d’environ 60 miles nautiques. Nous voyons pour la première fois une barge de « dredging », c’est une barge connectée sur un tuyau qui pompe le sable accumulée dans la ICW vers les côtés afin d’éviter que les bateaux s’échouent sur les hauts fonds dans de l’eau pas assez profonde. La ICW est un canal creusé par l’homme et il doit y avoir un entretien constant par la U.S. Army Corps of Engineers. Le procédé est quand même impressionnant.

Ce soir on s’ancre dans Graham Creek (mile statutaire 439) mais dans le courant de la journée, on s’inquiète un peu du lendemain car des forts vents sont prévus pour les prochains jours et l’ancrage que nous avons prévu n’est pas très protégé. On passe beaucoup de temps à faire des recherches mais il n’y a rien d’intéressant au niveau des ancrages au millage ou nous serons rendus demain (mile statutaire 511), soit en Géorgie. On arrive à l’ancrage, on soupe, on regarde encore les options d’ancrage pour demain et on se couche à 7 heures, brûlés, sans avoir trouvé quelque chose de satisfaisant.

Le lendemain, comme à l’habitude le cadran sonne avant le lever du soleil. On prépare le bateau et on prévoit arrêter vers 9h00 à la marina de Isle of Palms qui est sur le chemin afin de faire le plein d’eau et de diesel et faire faire les besoins de Fluffy sur la terre ferme. Le rythme de navigation soutenu commence à nous rattraper (particulièrement Fluffy et moi), il fait encore assez froid. Le dockmaster (responsable des quais) de Isle of Palms discute avec nous de notre trajet et nous parle de Charleston, qui est tout près. Il nous dit que nous ne devons absolument pas passer à côté de cette ville, qui est très belle et pleine d’histoire. Il nous indique qu’il y a une marina à Charleston (sur notre chemin) et qu’on devrait s’y arrêter. Nous lui demandons quelle est la distance à partir de Isle of Palms, ce à quoi il dit environ 10-15 minutes de taxi. Marc-André me regarde et me demande si je veux rester à la marina (vu qu’on est déjà arrêté) afin de visiter Charleston et se protéger des vents pour les deux prochains jours. Si je veux? Heu mets-en! En plus, j’avais envie de visiter Charleston depuis super longtemps et j’étais déçue de ne pas pouvoir vu l’horaire serré auquel nous devons nous tenir.

On s’amarre à notre quai, l’équipage est content de se dégourdir les jambes et les pattes (Fluffy est particulièrement contente de voir du vrai gazon), après plusieurs jours sur le bateau. Isle of Palms porte bien son nom, on voit des palmiers en quantité.

On prend ensuite un Uber jusqu’à Charleston. On passe une superbe journée assez bien remplie! On visite un peu la Ville, nous sommes charmés par ses maisons pastels et son architecture. Plusieurs maisons ont le porche dans la cour intérieure, ce qui est caractéristique de Charleston.

La faim et la soif se font rapidement sentir alors nous allons dîner au Fleet Landing restaurant, qui est un excellent restaurant de fruits de mer ou les locaux vont manger. Ensuite, nous allons visiter le musée de Fort Sumter qui a été déterminant dans la Guerre de Sécession et ensuite nous allons à l’aquarium qui est un des plus beaux en Amérique du Nord. Quelle belle journée.

Question de rester dans le thème de la journée, nous allons souper au Raw Bar 167, ou nous dégustons des huîtres et des tacos de poisson.

24 novembre, une fenêtre météo fort prometteuse pour un passage en mer se dessine pour le 25-26 novembre. La mer s’annonce calme avec un peu de vent. Va-t’on oser se lancer à nouveau dans l’Atlantique Nord après une première expérience rock’n roll? On se dit qu’il est préférable de se remettre en selle le plus vite possible et vu qu’on n’a pas particulièrement envie de voir la Georgie, ses marécages et ses hauts fonds, on décide de faire un saut de 30 heures en mer afin de se rendre à Fernandina Beach (mile statutaire 716) en Floride. On prépare donc le bateau pour la traversée et on fait des repas simples, à l’avance, que nous avons juste à réchauffer durant le passage.

On part donc le 25 novembre de bon matin. On s’assure de prendre nos médicaments contre le mal de mer au cas ou AVANT de partir (on nous ne la fera pas 2 fois). On fait des quarts de 2 heures chacun et il ne se passe rien sauf dans la nuit près de l’inlet de Savannah ou il y a beaucoup de trafic maritime, genre des gros porte-conteneurs (heureusement c’était le quart du Capitaine). Superbe traversée de 30 heures, la mer est calme c’est comme un lac. Nous pouvons maintenant respirer car nous sommes enfin rendus en Floride. Welcome to the Sunshine State!

Le paradis ça se mérite

7 novembre, nous sommes tellement contents, l’histoire du radar est réglée et enfin on peut partir de Cambridge! Nous ne sommes pas des navigateurs de carrière depuis longtemps, mais on peut vous dire qu’être forcés de rester à quelque part contre notre gré est complètement contraire au style de vie qu’on a choisi.

Nous partons au lever du soleil, plein de motivation malgré le matin froid, avec le déjeuner du navigateur au long cours. On a recommencé à manger du gruau, c’est nourissant et réconfortant lors des matins froids dans la descente vers le sud.

Nous avons une journée de navigation à faire pour se rendre à une boule d’ancrage à Solomons, Maryland car il annonce encore des forts vents et on doit s’abriter pour les deux nuits à venir. Mais au moins on est partis de Cambridge alors juste de changer de décor ça fait tellement de bien.

Le 9 novembre, on part à l’aube afin de se rendre à Reedville, Virginie. On change d’état, ce qui nous fait vraiment plaisir. Très belle journée de navigation, nous avons ouvert les voiles et navigué sans le moteur pour un petit moment. Quel sentiment de liberté.

Seul bémol, il faisait froid. Genre vraiment froid. J’ai du mettre son manteau d’hiver à Fluffy et j’ai aussi sorti le mien. On n’a jamais vu une fille si contente d’avoir apporté son manteau d’hiver (merci maman!). Aussi, on ne voyait plus un centimètre carré de peau du Capitaine…. Nul doute, l’équipage était prêt.

Nous sommes arrivés et nous nous sommes mis à l’ancre dans une petite baie ou nous étions seuls au monde. Nous avons ensuite eu droit au plus beau coucher de soleil que nous avons vu depuis longtemps.

10 novembre, on se lève encore à l’aube car aujourd’hui on a un planning très serré. On doit se rendre à Norfolk et le tout prend environ 10 heures de navigation et le jour dure genre 10 heures 20 minutes. Nous n’avons pas de place pour l’erreur sinon nous devrons entrer dans un port inconnu de nuit ce qui n’est vraiment pas idéal, ou bien nous arrêter avant Norfolk.

Norfolk c’est symbolique. Norfolk c’est le mile statutaire 0 de l’intracoastal (ICW), soit le début de la dernière étape avant les Bahamas et aussi la fin pour le Air Cool et son équipage, de l’interminable Baie de Chesapeake . Celle-ci nous réserve cependant une dernière surprise. Malgré les 2 pieds de vagues et les 10 noeuds de vent annoncés, c’était plutôt une mer bien formée de 4-5-6 pieds de vagues courtes avec un bon 20-25 noeuds de vent. On dit souvent que la Baie de Chesapeake peut être traître, ben voilà. Nous avons un petit rappel du sentiment de notre traversée dans l’Atlantique Nord. Nous sommes incapable de rester plus d’une minute à l’intérieur du bateau, le mal de mer est instantané et on doit se tenir partout tellement que ça brasse d’un bord à l’autre et que le bateau tape dans la vague. Nous dînons avec la spécialité culinaire préférée de mon père, les sandwichs biscuits soda et fromage jaune en tranche. Survie.

Après une pénible navigation, nous arrivons enfin à Norfolk. Cette ville est une plaque tournante pour les bateaux de l’armée et aussi pour les porte-conteneurs. Rien de plus agréable pour le Capitaine d’arriver dans un nouveau port, fatigué de ses 10 heures de navigation difficiles, que de se faire dire à la radio qu’un bateau de l’armée est en phase de sortie et qu’on est dans son chemin et tout de suite après c’était un gigantesque porte-conteneur…. Petit rush d’adrénaline. Aussi, nous avons remarqué que les gigantesques bateaux de l’armée ont certainement des brouilleurs de radar, voyez par vous-même (on était contents d’utiliser notre radar haha).

Tout s’est bien passé malgré tout et nous nous ancrons devant l’hôpital alors que le soleil se couchait. Mission réussie.

Malheureusement, de Norfolk, nous avons eu juste le temps de visiter un parc pour les besoins de Fluffy. Il semble que c’est une ville intéressante mais elle ne nous a pas beaucoup inspiré au premier abord car c’est très carré et très industriel. Si vous avez le temps, prenez quelques jours pour visiter, mais nous on en avait pas à revendre alors on est reparti dès le lendemain à l’aube car nous avions une belle écluse à faire… Vous vous rappelez comment on aime les écluses?

À partir de Norfolk, il y a deux options possibles pour descendre plus au sud. Tu peux prendre le Dismal Swamp Canal (trajet en rouge), qui est très beau avec des endroits très intéressants à visiter. Ou bien tu peux prendre la Virginia Cut (trajet en jaune) qui est la route commerciale et ou c’est beaucoup moins bucolique. Depuis qu’on rêve à ce projet, le Dismal Swamp est pour nous un incontournable. Par contre, cette année, il y a particulièrement beaucoup de « duckweed » dans le Dismal Swamp Canal. Cette algue en quantité si importante peut causer des ennuis mécaniques, particulièrement à notre moteur. Nous avons donc pris la sage décision de passer par la Virginia Cut car nous avons eu assez de la réparation de notre radar et nous ne voulons pas prendre la chance de retarder encore notre descente à cause d’un autre bris.

Finalement, les écluses se passent très bien, par contre les éclusiers nous obligent à aller du côté tribord et évidemment nous avons nos défenses et nos amarres côté bâbord. Heureusement ils ont des défenses au mur donc ça n’est pas un problème. Nous avons du ajouter des amarres rapidement coté tribord. Pour les navigateurs qui nous lisent, nous suggérons d’avoir assez de défenses et d’amarres pour être prêts bâbord ou tribord pour la durée du voyage. Ça vous enlèvera du stress et éviterez certaines difficultés. Vous verrez pourquoi plus bas.

La journée se passe très bien, nous allons à l’épicerie près de l’écluse pour s’approvisionner. Ensuite le Capitaine et moi discutons de la journée du lendemain. Encore une fois, il annonce des forts vents (30-35 noeuds) qui débuteront en début d’après-midi. Un nouvel horaire des deux premiers ponts à faire lever fait que nous ne pouvons partir avant 9h pour le pont de l’écluse. On doit s’assurer de passer à l’ouverture de 10h30 pour le prochain pont car sinon on perdra 30 minutes et on sera à risque pour les vents. Le tout afin d’arriver en début d’après-midi à Coinjock et de s’y abriter pour les deux prochaines journées. Je trouve l’horaire serré et la passe avant d’arriver à Coinjock (le Currituck Sound), je ne la sens pas trop. On y sera quand les forts vents auront commencé et nous devrons suivre la route étroite entre les marqueurs de la ICW pour ne pas s’échouer. Le Capitaine est à l’aise malgré tout et on finit par prendre la décision que malgré qu’on se fera brasser un peu, qu’on suivra ce plan, car il faut avancer.

12 novembre. Pire journée de navigation à vie. Tout commence bien, il fait beau et relativement chaud, le pont ouvre à 9h. On réussit ensuite à passer l’autre pont à 10h30. Tout va selon le plan. On sent que la température change, il fait rapidement de plus en plus froid. On voit même arriver le front froid derrière nous. Il nous court après. Marc-André accélère. Le vent se lève et souffle très fort (un vent du nord a un son particulier, il siffle). On a un bon 30-35 noeuds (60-70 km/h) soutenu.

Et là on arrive au Currituck Sound. L’eau est verte foncée/noire. La vague monte et elle est très courte. Elle atteint rapidement 6 pieds de l’arrière. Le bateau va de droite à gauche, dans l’étroit chenal de la ICW. Il se met à pleuvoir. Nous sommes rapidement trempés car cela vient de l’arrière et nous ne pouvons nous abriter sous notre bimini (toiles du bateau) car l’eau entre quand même. Il fait tellement froid et il vente tellement, que lors des coups de vents, la pluie se transforme en neige. Bref, deux très longues heures de navigation. Le Capitaine barre pour compenser les vagues et moi je suis presque en petit bonhomme dans le cockpit avec une seule mission: tenir le Ipad qui indique le chemin à la vue de Marc-André et aussi qu’il ne pleuve pas trop dessus. Fluffy est en sécurité à l’intérieur. On est congelés et brûlés. On finit par arriver à la marina de Coinjock et là, mauvaise nouvelle, on doit s’accoster du côté tribord vu le vent et le courant. Les amarres et les défenses sont…. du côté bâbord. Je dois aller tout changer de côté avant qu’on puisse s’accoster. J’ai les doigts gelés et ils ne m’obéissent pas pour défaire et refaire les nœuds des cordes des défenses. En plus, il pleut toujours. Marc-André doit attendre que je termine (ce qui prend un temps interminable) en manœuvrant dans l’étroit canal et ensuite tourner le bateau qui ne veut pas obéir vu le vent qui est très fort et qui s’engouffre dans l’étroit canal qui fait un entonnoir (détail technique, le bateau devait faire un 180 degrés, lorsque celui-ci avait fait 90 degrés, le vent et le courant le repoussait dans sa position initiale.) On finit par s’accoster. Ouf. On se récompense d’un bon souper à la marina pour décompresser de cette journée de m%%&?%&?$de.

13 novembre. Je ne me sens pas bien du tout en me levant, je pense que ce sont mes nerfs qui ont lâché. J’ai été malade et j’ai du rester couchée toute la journée. De toute façon, c’était prévu qu’on reste au quai vu les forts vents mais j’aurais fait autre chose. J’avais prévu de faire un peu d’admin et de vous écrire (désolée pour le délai) mais ça ne s’est pas passé comme cela. Il pleut dehors et à l’intérieur du bateau vu l’humidité ce qui cause de la condensation. Il fait froid. Non il fait frette. Le genre de frette qui te transperce jusqu’aux os. Je dors dans le lit sous les couvertures avec 2 doudous en extra et Fluffy en guise de chauferette. Enfin ce chien sert à quelque chose haha. Pendant ce temps, Marc-André fait des petits travaux quotidiens sur le bateau et fait ensuite du Netflix. Aujourd’hui, on n’a pas trop le moral. Demain ça va aller mieux.

14 novembre. On part de Coinjock de bon matin en direction d’Alligator river, qui porte bien son nom malgré qu’on en ait pas vu. Le résumé de cette journée: c’est une ligne presque droite, l’eau est verte et il fait froid, il pleut et c’est humide. On regarde la météo et un genre de mini-ouragan se prépare pour toute la fin de semaine. On doit donc prévoir un ancrage sécuritaire pour s’abriter car il annonce 55-60 noeuds de vent, c’est à dire environ 100 km/h. Tu ne veux être dans le Pamlico Sound ou la Neuse River qui sont juste un peu plus au sud avec ce genre de vent. Il faut dire que c’est tout près du Cap Hatteras, ce qui est un endroit très hasardeux pour la navigation. On choisit un ancrage protégé des vagues et un plus ou moins du vent… c’est le mieux que nous trouvons, dans la Pungo River pour le lendemain. Ce soir-là avant de s’ancrer dans Alligator River, j’ai juste eu le temps de dire à ma mère que le réseau était faible car nous étions supposées nous parler ce soir-là afin qu’elle me parle des derniers préparatifs pour son voyage humanitaire au Guatemala et hop plus de réseau cellulaire.

15-16 novembre. Le 15 au matin, nous partons à l’aube et allons nous ancrer à Pungo River, au mile statutaire 127.5 (le .5 est important haha). Il fait froid, il pleut à l’extérieur et à l’intérieur du bateau, l’eau est verte/noire et il n’y a pas âme qui vive sur la ICW. On arrive à notre ancrage qui est au beau milieu de nulle part. On n’a pas eu de réseau cellulaire de tout le trajet et je me rends compte que je ne serai pas en mesure de parler à ma mère avant son départ, pour un voyage très important pour elle, car nous serons pognés ici jusqu’au moins lundi matin et elle part très tôt cette journée-là. Je capote un peu et je suis tellement déçue de la situation. Comme on ne s’est pas parlé de vive voix depuis, elle le lira ici tout comme vous. Mais je dois lâcher prise car je ne peux rien y changer. En voilier, c’est Dame Nature qui décide.

Nous prenons encore plus de soin qu’à l’habitude à nous ancrer. Nous n’avons jamais été aussi content de notre ancre surdimensionnée (Mantus de 45 livres) et de nos 225 pieds de chaîne. Cet élément du bateau est très important car cela donne une paix d’esprit lorsque nous sommes à l’ancre car cela limite les possibilités de chasser (que l’ancre se déplace car la chaîne et l’ancre sont très robustes, plus que ce que le bateau nécessite en temps normal). Marc-André a fait beaucoup de recherches afin de trouver la bonne combinaison de mouillage pour le bateau et aujourd’hui, cela est particulièrement payant.

Nous laissons 150 pieds de chaîne dans l’eau en plus de l’ancre et comme à l’habitude, nous mettons notre alarme d’ancrage, qui sonne si jamais nous sommes en dehors du périmètre permis, ce qui veut dire que le bateau chasse. En plus, nous mettons notre cadran la nuit aux heures environ afin de s’assurer que nous ne chassons pas. Notre seul moyen de communication est la VHF (radio du bateau) qui nous donne la météo et que nous pourrions appeler si quelque chose tournait mal. Comme dans le temps de la guerre… Nous sommes seuls au monde. Nous ne nous sommes jamais senti aussi seuls. Une chance qu’on était trois dans le bateau!

Le vent se lève solidement. On l’entend siffler très fort et le bateau fait des sons qu’on n’a jamais entendu. Il fait toujours froid, c’est humide, il pleut dehors et dans le bateau… vous commencez à comprendre le pattern… On porte depuis quelques jours en permanence des bas de laine (2 paires), des combines, des pantalons chauds, plusieurs couches de chandail et nos tuques. Marc-André fait du pain, on fait de la pizza, un pain au zucchini… toutes les excuses sont bonnes pour partir le four et réchauffer un peu le bateau. Comme on n’avait pas prévu cette situation, on n’a pas grand chose de téléchargé sur le Ipad alors on fait de la lecture. J’ai eu un super cadeau avant de partir, soit « 20 000 lieues sous les mers » de Jules Verne. Ça faisait longtemps que je n’avais pas lu un livre complet en une fin de semaine. Lisez-le ça vaut la peine. Marc-André pour sa part a battu son record personnel de lecture en lisant d’un bout à l’autre « La fabuleuse histoire de Guirec et Monique », un livre sur la voile.

Rendus au dimanche, on n’est plus capable du vent, du froid, de l’humidité, du gris, de la pluie. On veut voir du soleil, des palmiers, des dauphins et surtout avoir CHAUD! On passe donc la journée à faire notre plan de match pour se rendre à Fort Lauderdale. Le premier plan de match nous y mènent pour la mi-décembre….ishhh trop long, trop froid. On recommence tout à zéro. On est au mile 127.5 et on doit se rendre au mile 1060.

Va t’on y arriver? Est-ce possible? Notre visite du 28 Décembre a Nassau devra-t-elle ce loger a l’hôtel ?? (musique thème de la série télé Batman des années 60) la suite dans le prochain épisode.

GRIS

Les hauts et les bas dans la Baie de Chesapeake

« Il existe un état normal et stable pour toute pièce d’équipement, appelé la « panne« ; et un autre état très fragile et instable, appelé « état de marche » . »

Luc Bernuy citant le Principe d’Antoine dans L’Intracoastal, le guide 4e édition

15 octobre, on se lève à l’aube afin de s’assurer de traverser la Baie du Delaware en une seule journée, car elle est réputée extrêmement traître et c’est la seule fenêtre météo acceptable pour plusieurs jours. Marc-André doit littéralement me tirer du lit. Déjà que je n’endure plus depuis un petit moment la sonnerie d’un cadran, me lever à cette heure-là dans le froid, en plus encore brûlée de la traversée dans l’Océan Atlantique de la veille pour faire une autre grosse journée de navigation dans un environnement hostile… Je suis habituellement d’un tempérament assez agréable mais tous les ingrédients étaient réunis pour une mauvaise humeur garantie! Pauvre Capitaine… My god que ça ne me tentait pas.

Après que Marc-André ait réussi à me faire habiller (en vêtements chauds et mous qui ne matchent pas nécessairement), on doit partir en dinghy pour faire faire les besoins de Fluffy à terre. Je le rappelle, il fait toujours noir et froid. J’ai toujours ma baboune. Le bonheur. Lorsque nous revenons à notre ancrage, presque tous les bateaux sont partis car nous avons à peu près tous le même programme pour la journée.

On ne prend pas de chance cette fois-ci et on prend préventivement des médicaments contre le mal de mer, car on dirait que nous n’avons pas tout à fait autant le pied marin qu’à l’habitude. On lève l’ancre rapidement et on part. Lorsque nous sortons de Cape May, le Capitaine me demande de tracer une route afin de couper l’entrée de la Baie par les haut-fonds au lieu d’aller passer par le chenal balisé. Cette route nous permet d’économiser environ 2 heures de navigation alors une fois cela expliqué, je m’empresse de tracer une route une fois que je me suis assurée qu’il y a assez d’eau.

La navigation commence assez bien, on voit même des dauphins qui viennent nous dire bonjour tout près du bateau. Par la suite ça devient un peu plus sportif, nous avons environ 4-5 pieds de vagues courtes qui passe par-dessus le devant du bateau. Fluffy se fait même arroser le toupet par une grosse vague et elle a eu l’air tellement insultée que j’en ris encore. Marc-André est à la barre et moi je m’endors malgré le fait que ça brasse, car je suis absolument non fonctionnelle. Je me fais même niaiser par le Capitaine.

Des dauphins!

Marc-André doit éviter ses premiers « Crab pot », soit des paniers pour la pêche au crabe et que l’on voit souvent à la dernière minute. Sinon, la navigation voile-moteur afin d’aller le plus vite possible est vraiment agréable, on fait même du 8,5 kn, ce que Air Cool n’avait encore jamais atteint. Une vraie fusée. Ok ça équivaut environ 15 km/h mais pour nous en voilier c’est vraiment rapide surtout, pour le plan que nous avons cette journée-là. On voit pendant super longtemps une centrale nucléaire, clairement celle des Simpsons.

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Centrale nucléaire de Springfield dans les Simpsons

On arrive au bout de la Baie vers 15h30 et on rush notre vie jusqu’à un ancrage protégé, que nous avions repéré pour la nuit que nous espérions déjà réparatrice, soit Chesapeake City dans le C & D Canal qui permet ensuite d’entrer dans la Baie de Chesapeake.

En arrivant à notre mouillage, ce dont on se doutait s’est avéré, à savoir qu’on était une gang à avoir la même idée pour le mouillage de ce soir, car il n’y a pas beaucoup d’options disponibles sur cette route. On repère un trou dans la petite baie mais un peu trop proche pour notre confort de plusieurs autres bateaux. On se dit que les bateaux se mettront tous face au vent donc tourneront dans la même direction s’il y a lieu, car en ce moment c’est très calme et la météo ne prévoit rien de majeur. Il est rendu tard, il fera nuit dans quelques minutes.

Peu après avoir fermé le moteur, une dame qui a un voilier de genre 60 pieds ancré en plein milieu de la petite baie ou nous étions nous avise ainsi qu’un voilier ami, que le courant de marée ici est très fort donc que celui-ci fait tourner les bateau dans n’importe quel sens et que la nuit dernière elle avait presque touché le bateau voisin. Notre voilier ami était entre les deux… alors il n’a pas eu trop le choix et il s’est déplacé. Elle nous a conseillé de faire de même mais on en avait notre claque et on s’est dit qu’on allait veiller (on n’inclut pas la personne qui écrit, elle était déjà en pyjama prête à se coucher).

Encore un petit peu de technique très simplifiée, lorsqu’il y a du courant, normalement celui-ci domine le vent. Ce qui est un peu embêtant avec cette situation, c’est que tous les bateaux ne virent pas en même temps. Tu peux donc te retrouver face à face ou face-coté, etc…. Le Capitaine a donc mis son cadran cette nuit-là environ à tous les 15 minutes afin de s’assurer que tout était correct. Après une autre nuit mouvementée, on voulait partir dès 8h de cet ancrage infernal mais il y a trop de brouillard. Certains bateaux s’essaient mais rebroussent chemin afin de revenir dans la petite baie car ils n’y voient rien. On entend à la radio que le Canal est fermé à la navigation.

Vers 9h30, on décolle pour notre prochaine étape, soit pour aller en direction de Georgetown Yacht Basin à une boule d’ancrage afin de s’abriter des forts vents (ben oui encore…) prévus pour plusieurs jours. On pourra se remettre de nos émotions des derniers 48 heures et se reposer car on en a bien besoin. On navigue dans l’humidité et sous une pluie battante, tout en évitant des « crab pot ». Fluffy embaume tout le bateau de sa senteur. En plus, elle est fatiguée elle aussi.

Vers 15h, on arrive à Georgetown Yacht Basin, on agrippe avec succès la boule d’ancrage et Marc-André s’effondre pour une sieste. On y passe quelques jours confortables avec nos amis Louise et Pierre de Point Final!. Bonne bouffe, bon vin et surtout bonne compagnie.

21 octobre, fête de ma soeur, autre événement pour lequel on est pas présents… On quitte Georgetown pour Annapolis, capitale de la voile de l’est des États-Unis. Nous y passons quelques jours très agréables. Il y a des bons restos, de l’action et des superbes bateaux. Ça fait du bien. Nous dormons à côté de l’Académie navale et le matin dès 8h l’hymne national américain joue lorsque nous prenons notre café. Pas de doute, nous sommes loin de chez nous. Nous avons même croisé par hasard un couple qui nous a beaucoup inspiré pour se lancer dans notre aventure et dont on fait référence dans notre premier article de blog, soit La Vagabonde https://www.youtube.com/channel/UCZdQjaSoLjIzFnWsDQOv4ww .

Ils déjeunaient juste derrière nous! Le Capitaine était bien fier de sa photo.

25 octobre, nous devons quitter Annapolis car nous avons rendez-vous pour faire réparer notre ?&%?%?&$%& de radar en priorité lundi le 28 octobre. Marc-André a trouvé de peine et de misère une entreprise certifiée par la compagnie Simrad qui est le manufacturier du radar et celle-ci se trouve à Cambridge (mid-Shore Electronics), donc sur le côté est de la Chesapeake.

Nous avons une navigation agréable, toujours parsemée de « Crab pot » pour nous garder alertes. On commence à être un peu stressés par l’arrivée au quai. Ici les quais n’ont pas de taquets comme nous sommes habitués plus au Nord, ce sont plutôt des poteaux de bois sur lesquels tu attaches tes amarres, tout en prévoyant que tu dois laisser assez de « lousse » pour les marées montantes et descendantes.

Également, nous devons faire lever notre premier pont, ce qui est encore du nouveau. Finalement, nous arrivons et nous faisons lever le pont. La « marina » ou on doit faire réparer le radar se trouve tout de suite après et ho surprise, le gérant nous fait signe de nous accoster à côté d’un gigantesque catamaran, car c’est le seul emplacement disponible. Hé boy. L’espace est restreint et nous avons toujours à l’esprit notre mésaventure de Croton-Ville. Par contre, l’équipe au complet est sur le quai pour nous aider et ils vont même sur le catamaran pour être certains que tout se passe bien. Le Capitaine, qui a des nerfs d’acier comme à l’habitude s’accoste par derrière, à noter que nous n’avons pas de propulseur d’étrave (c’est une hélice à l’avant du bateau qui permet de le déplacer de gauche à droite donc ça facilite les mouvements) alors c’est pas super évident à manœuvrer, mais tout se passe bien. Je me permets de dire que je suis impressionnée. Voyez par vous-même.

Si vous regardez bien vous me voyez toucher au Catamaran voisin

Une fois accosté, on décide de partir à l’aventure avec Fluffy afin de se dégourdir les pattes et les jambes et d’aller au Marché local pour le souper car je fais une fixation sur un spaghetti et on n’a pas de pâtes longues en stock.

Toute une expérience. Tout d’abord il faut savoir que le Maryland est un ancien état esclavagiste et ça se sent encore. Les blancs et les afro-américains ne se mélangent pas beaucoup et ils semble y avoir des rues désignées pour chacun, ou tu ne t’aventures pas nécessairement si tu n’as pas besoin. Information que nous n’avions pas. Google map nous fait passer par certaines rues ou nous ne sommes clairement pas les bienvenus. Il est évident que le chien ne provient pas du quartier et nous non plus. Juste devant le Cimetière, un homme nous a même fait volontairement sursauter en nous criant un gros « Bouh ». J’ai failli faire une crise cardiaque.

Au Marché local, qui est un genre de gros dépanneur moyennement propre avec des gros bocaux de pieds de porc marinés et plein d’autres trucs qu’on n’est pas trop habitués de voir, je trouve des pâtes longues mais quand je demande à la caissière ou sont les « french baguette » (pour accompagner mon spag), elle me regarde comme si j’étais une extra-terrestre et me dit:  » non mais j’ai des pains à hot-dog… »OK. Faut que je me mette à niveau haha, je devrai faire mon deuil de « french baguette » pour quelque temps.

Vu qu’on est à quai, on en profite ça fera du bien pour quelques jours. On peut débarquer du bateau à volonté et on encourage l’économie locale et ses restos. Les fruits de mer sont à l’honneur et nous trouvons même une petite microbrasserie super sympathique ou ils brassent de l’excellente bière.

D’ailleurs ils nous reconnaissent maintenant à ladite Brasserie, le barman Cardi est devenu notre ami et demande des nouvelles de l’avancement de la réparation. Parce qu’on a vraiment des délais dans la réparation de notre radar. C’est le dôme du radar (la boite qui est au mât) qui est défectueux et il n’est toujours pas arrivé en date de ce jour. Il devrait arriver demain 6 novembre donc si tout va bien on espère partir d’ici la fin de la semaine. On aura donc passé 2 semaines à Cambridge, une chance qu’on est partis tôt du Québec. Le froid commence à nous rattraper. On a recommencé à dormir avec nos tuques/hoodies et on vérifie pendant la nuit que le chien est toujours abrillé avec sa couverture question qu’elle ne meure pas de froid pendant la nuit haha. Surtout, on voit tous nos voiliers amis et les gens du Québec qui sont partis avant et après nous qui sont maintenant beaucoup plus au Sud, mais on garde le moral.

Pendant ce temps, on fait les touristes, j’ai même convaincu Marc-André de faire une visite des sites historiques de Cambridge à la marche. Ce qui consiste en gros à regarder des sites historiques qui semblent tous plus hantés les uns que les autres en plus d’un cimetière. Pis il était content. C’est pour vous dire qu’on est vraiment dus pour partir.

Et pour rester dans le thème, question d’avoir vraiment peur pour l’Halloween, on a eu droit à une alerte de tornade (une autre première). Ça a définitivement été le plus épeurant Halloween de notre vie… On a enlevé toutes les toiles du bateau, on a doublé les amarres, on s’est mis un film d’horreur, on s’est commandé une pizza et on a prié.

Finalement nous n’avons eu que des très gros vents et une très mauvaise nuit de sommeil. Que d’aventures…